Les pirates somaliens attaquent un pétrolier en haute mer
Les pirates qui ont pris à l'abordage le supertanker Sirius Star auront au moins réussi une chose : laisser l'US Navy admirative. Ils sont “très bons dans ce qu'ils font. Ils sont bien armés. Tactiquement, ils sont très bons ”, concède le chef d'état-major interarmées américain, l'amiral Michael Mullen.
Ce qui laisse l'amiral pantois, ce n'est pas tant la taille exceptionnelle de ce navire lancé cette année : 330 mètres et 318.000 tonnes, soit l'équivalent en tonnage de “trois porte-avions”, selon la marine américaine. Ce qui l'étonne, c'est la portée de l'attaque : à 800 kilomètres des côtes, à la hauteur de la Tanzanie. C'est la première fois que des pirates s'aventurent si loin en haute-mer. D'habitude, dans cette zone du globe, ils hantent les eaux du golfe d'Aden. Cette fois, ils se sont aventurés jusqu'au cœur de l'océan Indien.
La cible est aussi hautement symbolique. Le Sirius Star bat pavillon libérien, mais il appartient à l'Aramco, une des plus grosses compagnies pétrolières du monde, et surtout, un des fleurons d'Arabie saoudite. Parmi les nombreuses questions qui se posent sur cette audacieuse attaque ce matin, de nombreux spécialistes se demandent si l'objectif est uniquement crapuleux, ou également politique.
Au large de la Somalie
Avec sa cargaison de deux millions de barils de pétrole, le Sirius Star se serait ancré devant le port somalien d'Harardere, dans le Puntland (nord), laissant peu de doute sur la nationalité de ses agresseurs. “Il devient très difficile de les déloger, parce que, évidemment, ils ont des otages”, reconnaît l'amiral Mullen. Il s'agit des 25 membres d'équipages, “tous sains et saufs”, selon l'armateur. Une cellule de crise travaille à leur libération.
Le nombre d'actes de piraterie, en chute sur l'ensemble du monde, a atteint un niveau record cette année en Somalie, avec 83 attaques de navires étrangers. Dimanche, des pirates somaliens ont détourné au large du golfe d'Aden un cargo japonais, tandis qu'un chimiquier japonais et ses marins, otages depuis six mois, ont été libérés et qu'un patrouilleur russe a mis en fuite des pirates qui tentaient de prendre d'assaut un navire saoudien.
_ Des pirates retiennent notamment depuis le 25 septembre un cargo ukrainien, le Faina, chargé de chars.
Conséquence, certains opérateurs, comme le norvégien Odfjell, ont annoncé qu'ils préfèreraient désormais la route du cap de Bonne Espérance, plus longue et plus coûteuse, mais plus sure.
Grégoire Lecalot, avec agences
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