Libye : urgence pour les enfants pris dans la bataille de Syrte
C'est l'un des derniers bastions de Kadhafi. La ville de Syrte, qui a vu naître le “guide” libyen, restera comme l'une des dernières à lutter contre l'agonie de son régime, avec Bani Walid, au sud-est de Tripoli. Mais sa chute ne semble plus qu'une question de jours, sinon d'heures. Les forces du CNT, le nouveau gouvernement issu de la révolution, ont annoncé qu'elles avaient pris le contrôle du port de la ville.
Mais la bataille n'est pas terminée : “quand nous nous approcherons du centre-ville, il y aura des combats de rue et nous nous y préparons”, explique un combattant du CNT en nettoyant son arme. L'un des fils de Mouammar Kadhafi, Mouatassim, ex-dirigeant du Conseil national de sécurité, y serait caché.
Depuis plusieurs jours, l'une des missions des forces révolutionnaires est de faire sortir les civils de la ville. Selon l'ONU, plus de 2.000 personnes auraient fui Syrte, où il n'y a plus ni eau courante, ni nourriture, ni électricité.
“Grave crise humanitaire” (un médecin)
Mais ces familles, pour la plupart, se sont réfugiées dans des lieux qui ne sont pas plus accueillants : des maisons vides, des abris de fortune. Elles n'ont plus d'eau et manquent de denrées vitales. Les premiers à en souffrir sont les enfants. La clinique de Harawa, à 40 km à l'est de Syrte, les voit affluer, souffrant de maux liés au manque d'eau potable. Ainsi, cet enfant d'un an, Icham, rencontré par un journaliste de l'AFP. Depuis deux jours, il vomit et souffre de forte fièvre.
“Il n'y a pas de nourriture, d'eau, d'essence, ni d'électricité. Les enfants n'ont plus de lait. Cela fait des jours que nous ne mangeons que des macaronis”, raconte un commerçant qui s'est enfui avec une soixantaine de proches. Chaque jour, des convois de véhicules chargés de familles quittent la ville, avec des enfants apeurés, sans savoir où ils vont aller. “J'ai vu environ 120 patients depuis ce matin, et 70% sont des enfants”, compte le Dr Valentina Rybakova. Cette Ukrainienne, qui travaille depuis huit ans en Libye, qualifie la situation de “grave crise humanitaire”. La clinique manque de médicaments et surtout d'infirmières pour accueillir les patients.
Face à la clinique, une mosquée sert de lieu de rassemblement aux combattants. Armés, ils accompagnent aussi leurs proches dans la clinique. Parfois ils tirent en l'air en signe de victoire. Des coups de feu qui empêchent les enfants de tourner la page, alors qu'ils sont traumatisés par les explosions qui ont rythmé des semaines de bataille.
Grégoire Lecalot, avec agences
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