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Inondations en Libye : un village égyptien meurtri par la catastrophe

Sur les 145 ressortissants égyptiens qui ont péri dans les inondations en Libye, 75 étaient originaires du village de Nazlat Al Sharif. L'onde de choc est immense.
Article rédigé par franceinfo - Alice Moreno
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un homme observe les opérations de secours après les ravages causés par les inondations à Derna, en Libye, le 18 septembre 2023. (MAHMUD TURKIA / AFP)

Ils sont 145 ressortissants égyptiens à figurer parmi les victimes des inondations en Libye, selon les autorités libyennes. Un village d'agriculteurs de la vallée du Nil a été particulièrement touché par la catastrophe. Sur le millier d'habitants de Nazlat Al Sharif, une centaine de jeunes hommes avaient émigré à Derna pour travailler dans des entreprises de bâtiment. 75 d'entre eux sont morts dans les inondations et d'autres sont toujours portés disparus. L'onde de choc est immense dans le village.

"Tout le monde avait son nom inscrit sur le corps"

Chaque foyer a perdu un fils, un père, un ami. Sayed s’adresse à son frère décédé : "Tu me manques, je ne te retrouverai pas, ta voix me manque." Le jeune homme de 20 ans apparaît souriant en photo, sur la corniche de Derna encore intacte. "C’est avant sa mort. Une photo de lui debout au bord de la mer, une photo souvenir", soupire Sayed. Son corps a été retrouvé dans l’eau et rapatrié en Égypte par avion. Ahmad, l’aîné de la fratrie, est allé le reconnaître à l’aéroport. "L’eau a rendu les corps après trois ou quatre jours. L’eau les avait abîmés. Les noms étaient écrits sur les corps, tout le monde avait son nom inscrit sur le corps, sur les pieds", raconte-t-il.

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Dans le village, un homme de chaque famille avait émigré à Derna pour travailler dans le bâtiment et envoyer de l’argent au pays. Hamed a aussi perdu un frère, qui laisse derrière lui cinq enfants : "Mon frère, le plus âgé, est mort en Libye. Il travaillait comme ouvrier, nous aidait, les enfants, les parents, pour manger et boire. Dieu m’accorde les enfants de mon frère mais je n’ai pas de solution pour eux, vraiment je ne sais pas quoi faire."

Le gouvernement égyptien a promis l’équivalent de 3 000 euros à chaque foyer endeuillé. Des aides bienvenues, soulignent les familles, mais qui ne vaudront jamais les vies emportées par les eaux de Derna.

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