Libye : Khalifa Haftar se dit "ouvert au dialogue" et Fayez al-Sarraj dénonce "des ingérences étrangères"
A quelques heures d’une réunion internationale sur la Libye en marge de l'Assemblée générale de l’ONU, les deux dirigeants ennemis réaffirment leurs différences.
Alors que les chefs de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian et italienne, Luigi Di Maio, s’apprêtent à présider le 26 septembre 2019 à New York, une réunion sur le conflit libyen en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, le maréchal Khalifa Haftar a créé la surprise. Engagé depuis le 4 avril 2019 dans une offensive pour conquérir la capitale libyenne tenue par le Gouvernement d’union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj, l’homme fort de l’est du pays s’est brusquement dit ouvert au dialogue avec son rival.
Changement de stratégie du maréchal Haftar ?
"En fin de compte, il faut s’asseoir autour d’une table de négociations et dialoguer", a-t-il convenu dans un communiqué publié dans la nuit du 25 au 26 septembre. Aveu d’enlisement des combats, qui ont fait plus de 1000 morts sur le front sud de Tripoli selon l’ONU ou changement total de stratégie ? La déclaration de Khalifa Haftar va à l’encontre de la position sur laquelle il campait jusque là. Début septembre, il avait rejeté un appel de l’ONU à reprendre les discussions, estimant qu’une solution militaire était la plus à même de résoudre le conflit.
"La solution militaire est la meilleure pour restaurer la sécurité et rétablir la loi", avait déclaré son porte-parole, le général Ahmed al-Mesmari, lors d’une conférence de presse aux Emirats arabes unis. Il avait même ajouté qu'il était trop tard pour reprendre le dialogue. Dans son dernier revirement, le maréchal Haftar qui a salué la réunion prévue à l’ONU met toutefois un bémol. Il estime que le dialogue "ne serait pas possible tant que les groupes terroristes et les milices criminelles contrôlent Tripoli", en référence aux forces loyales au GNA officiellement reconnu par l’ONU.
Fayez al-Sarraj rejette le dialogue avec son rival de l'est
De son côté le chef de ce dernier, Fayez al-Sarraj, s’était lui aussi exprimé à la veille de la réunion de l’ONU, mais avec des propos moins amènes. Soutenu lui-même par la Turquie et le Qatar, il a dénoncé le 25 septembre "les ingérences" de pays étrangers en Libye et qualifié son adversaire Khalifa Haftar de "criminel assoiffé de sang". "Il est regrettable que d'autres pays continuent de s'immiscer" en Libye, a-t-il dit devant l'Assemblée générale des Nations unies.
"La Libye vit une crise grave du fait d'une ingérence étrangère négative", a insisté Fayez al-Sarraj, en critiquant le rôle des Emirats arabes unis, qui relaient les discours du maréchal Haftar, la découverte de "missiles français" trouvés dans une localité libérée par ses troupes et "l'Egypte qui nous donne des leçons".
"Ce qui a encouragé ce criminel de guerre, c'est l'appui d'Etats étrangers", a aussi dit le chef du Gouvernement d'union nationale. "Nous le vaincrons quels que soient ses appuis", a-t-il assuré, en rejetant toute possibilité de discuter avec Khalifa Haftar.
La réunion de New York hypothéquée avant même sa tenue
Une position à l'opposé de l’ouverture dont essaye de faire preuve le patron de la Cyrénaïque et qui hypothèque les chances de la réunion de New York. Une réunion au cours de laquelle la France et l'Italie espèrent avancer vers une conférence internationale, qui se tiendrait en Allemagne pour sortir la Libye du conflit meurtrier dans lequel elle se débat depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011.
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