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Libye : nouveau revers pour Haftar qui perd une base aérienne stratégique

Une nouvelle fois la couverture aérienne de la Turquie semble avoir apporté un avantage essentiel aux forces du GNA, le gouvernement de Tripoli.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les forces armées du gouvernement de Tripoli reconnu par l'ONU ont repris le 18 mai 2020 la base aérienne d'Al-Watiya tenue depuis 2014 par les hommes du maréchal Haftar. (MAHMUD TURKIA / AFP)

Cette fois, l'offensive des troupes du maréchal Haftar contre Tripoli semble avoir définitivement échoué. Le leader de l'Est libyen vient de subir un nouveau revers en perdant Al-Watiya, une base aérienne jugée stratégique au sud de la capitale.  

C'est une vieille base aérienne construite par les Américains en 1942 pour lutter contre les forces allemandes, à 140 km au sud-ouest de Tripoli. Un immense complexe de 50 km², composé de hangars, de taxiways et de pistes. D'ici, les avions peuvent atteindre la Tunisie ou l'Algérie si nécessaire. Elle est considérée comme la base aérienne la plus importante de Libye après Mitiga, l'aéroport de la capitale. Entre 7 et 10 000 soldats peuvent y stationner.

Un lieu stratégique 

Al-Watiya ouvre sur le désert, et depuis 2014 était tenue par les forces d'Haftar. Il en avait fait son "quartier général" pour les opérations militaires dans l'Ouest libyen. Selon les spécialistes, il s'agit d'une prise importante pour les forces du GNA, le gouvernement de Tripoli, peut-être capitale pour la suite du conflit.

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Une équipe de l'agence de presse turque Anadolu Agency a pu se rendre sur place. Sur leurs images, on peut voir de vieux avions de chasse en partie démontés prendre la poussière dans les hangars. Hormis quelques carcasses de véhicules incendiés, les dégâts semblent modestes et la base paraît opérationnelle.

Le soutien turc déterminant

Toujours selon Anadolu Agency, il aura fallu près d'un mois, et une vingtaine d'attaques aériennes, au GNA pour s'emparer d'Al-Watiya. Une fois encore, le soutien des drones turcs a été déterminant. Ils ont permis de détruire trois systèmes de défense anti-aérienne Pantsir. Des systèmes de fabrication russe, fournis par les Emirats, soutien d'Haftar. L'agence n'évoque pas de combats au sol, se contentant de préciser que les soldats d'Haftar ont fui. L'assaut final n'a duré que quelques heures.

La base aérienne Al-Watiya renfermait armes et munitions selon le porte-parole du GNA. On y voit aussi de vieux avions de chasse en partie démontés. (HAZEM TURKIA / ANADOLU AGENCY)

Cette nouvelle défaite pour la LNA (Armée nationale libyenne) sonne comme la fin de la tentative de conquête de l'Ouest libyen pour Haftar. Pour autant, le maréchal conserve le contrôle d'une grande partie de la Libye et en particulier les champs pétroliers de l'Est. Il a bloqué les exportations de pétrole, asphyxiant l'économie libyenne.  

L'opération IRINI contestée

Parallèlement, l'Union européenne a lancé fin mars 2020 l'opération IRINI afin de faire respecter l'embargo sur les armes à destination de la Libye, décidé en 2016 par le Conseil de sécurité des Nations unies. Des moyens aériens, satellitaires et maritimes sont mobilisés et les navires peuvent être inspectés y compris en haute mer. IRINI a aussi pour objectif de casser le trafic des migrants.

Mais le GNA et son allié turc contestent à la fois la nature de la mission et la participation de certains pays comme la France ou la Grèce, opposés à la présence de la Turquie dans ce conflit. "Il n'y a pas de base légale à cette opération sans une demande du gouvernement libyen", a affirmé récemment le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar. Pour la Turquie, ce contrôle sert uniquement les intérêts de Khalifa Haftar."IRINI ne s'intéresse qu'aux mouvements maritimes. Ce n'est pas un embargo sur les armes, mais plutôt un embargo sur les activités du gouvernement légitime, qui n'a rien demandé", a ajouté le ministre.

Dans ce contexte, le GNA n'a pas la capacité de pousser son avantage et déloger Haftar. De nombreux observateurs estiment qu'aucun des deux camps n'a les moyens de l'emporter sur le terrain. La diplomatie quant à elle semble bien à la peine et une nouvelle période de ni paix-ni guerre pourrait ressurgir.

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