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Libye : sérieux revers pour Haftar qui piétine devant Tripoli

La "trêve du coronavirus" est restée lettre morte. L'armée régulière soutenue par la Turquie reprend du terrain sur celle du maréchal Haftar qui cherche toujours à contrôler Tripoli.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les combattants du GNA, le gouvernement de Tripoli reconnu par l'ONU, célèbrent leur victoire dans les rues de Sabratha, ville reprise aux forces du maréchal Haftar, le 13 avril 2020. (HAZEM TURKIA / ANADOLU AGENCY)

C'est un sérieux revers que viennent de subir les forces du maréchal Haftar dans l'Ouest libyen. Les forces pro-GNA, le gouvernement de Tripoli reconnu par l'ONU, se sont emparées le 14 avril des villes côtières de Sorman et Sabratha, à une soixantaine de kilomètres à l'ouest de Tripoli, à mi-distance entre la capitale et la frontière avec la Tunisie.

Les forces liées au LNA (Armée nationale libyenne) du maréchal Haftar piétinent autour de la capitale libyenne depuis l'offensive lancée en avril 2019. Seule la prise de Syrthe, ville de Kadhafi, en janvier 2020, fait figure d'avancée territoriale. Mais sur ce flanc aussi, il n'y a pas de progrès significatif. En route vers Misrata, les forces du LNA ont été bloquées ces derniers jours à 250 km de là, dans la région d'Abou Grein. La ville a été prise aux troupes régulières, puis perdue à l'issue de violents combats.

La maîtrise des airs et le soutien des drones fournis par la Turquie semblent faire la différence, selon Jalal Harchaoui, un analyste du think tank néerlandais Clingendael, interrogé par l'AFP.
Sur une vidéo circulant sur les réseaux sociaux, on peut voir en effet la terrible efficacité des drones turcs œuvrant pour le GNA.

La trêve dite du "coronavirus" acceptée le 21 mars dernier par les deux camps n'est plus qu'un vieux souvenir. Du reste elle n'a pas été appliquée. Et cette fois, la population de Tripoli doit subir les tirs de roquettes déclenchés en réaction à la perte de terrain par les hommes du maréchal Haftar. Dans la zone visée de l'aéroport de Mitiga à l'est de la ville des maisons ont été touchées selon les services de secours.

Les civils coincés entre guerre et coronavirus

Avec l'arrivé du coronavirus, le dilemme pour la population est terrifiant. Rester chez soi et risquer les bombardements, ou fuir et se retrouver à la merci du virus... La lutte contre la pandémie est totalement désorganisée dans un contexte de guerre. Les coupures d'eau et d'électricité se multiplient.

Les hôpitaux sont pris pour cible, la population doit s'éloigner de la ligne de front et se regroupe dans des lieux moins dangereux, rendant la distanciation sociale très problématique. On ne compte pas moins de 100 000 personnes qui se sont déplacées vers le centre de la ville, selon un reportage du New York Times. Comble de l'absurdité, des combattants portent des masques chirurgicaux.

Négociations niveau zéro

La paix, ou au moins l'arrêt des combats, semble bien lointaine. L'ONU n'a toujours pas annoncé de remplaçant à son émissaire Ghassan Salamé, qui a démissionné le 23 mars dernier.

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