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Sortie de crise en Libye: gouvernement d'union nationale ou Daech?

Après quatre années de chaos, les factions libyennes pourraient faire taire leurs rivalités et constituer un gouvernement d’union nationale. Rien n'est encore gagné, mais il y a urgence : un tiers des Libyens ont besoin d’une aide alimentaire et les combattants de Daech renforcent leurs présences dans le pays. Les divisions persistent, mais un accord politique pourrait être signé au Maroc.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Protestation contre un gouvernement d'union nationale sous l'égide de  l'ONU en Libye. (AFP/Mahmud Turkia)

Depuis plusieurs mois, la Libye connaît une situation de double pouvoir, avec deux gouvernements et deux parlements qui s’affrontent violemment. L’un à tendance islamiste, situé dans la capitale Tripoli, l’autre reconnu par la «communauté internationale» à Tobrouk, dans l’est du pays.

Le pays est coupé en deux – voire en de multiples tribus –, les revenus du pétrole sont au plus bas et la vie quotidienne est de plus en plus difficile. De bonnes raisons de trouver un terrain d’entente, surtout que les combattants se revendiquant de l’Etat islamique se renforcent jour après jour.
 
Un accord négocié au Maroc
Pour mettre fin à cette guerre civile larvée, le texte négocié à Skhirat au Maroc prévoit un cessez-le-feu immédiat et la mise en place d'un gouvernement réunissant les deux principales factions rivales, avec un comité présidentiel composé de quatre députés de chaque parlement, un président, Fayez el Sarraj, désigné en octobre 2015, et de trois vice-Premiers ministres.
 
Ce comité présidentiel devra désigner le directeur de la Banque centrale et celui de la compagnie pétrolière nationale. Deux postes stratégiques qui font l’objet d’une lutte féroce entre les factions libyennes.

L’accord prévoit une prolongation d’un an du mandat du parlement de Tobrouk et son déménagement à Tripoli. Mais les conditions de sécurité ne semblent pas aujourd’hui réunies, dans la capitale.
 
L’accord, qui affirme vouloir construire un «Etat sûr, démocratique, prospère et unifié», doit pour s’appliquer recueillir les signatures d’un grand nombre de député des deux parlements, de maires et des représentants des partis politiques.
 
Les milices, liées aux deux factions rivales, devront accepter d’appliquer ce cessez-le-feu. La menace de l’Etat islamique, fort de 2000 à 3000 combattants, est un puissant facteur d’unification.

La crainte d'un nouvel Afghanistan 
Les puissances occidentales sont prêtes à soutenir ce gouvernement d’union pour qu’il reprenne le pays en main. L’Europe a peur d’un nouvel Afghanistan à quelques centaines de kilomètres des côtes italiennes. Daech, bien implanté dans la ville de Syrte, se nourrit déjà de centaines de combattants locaux et étrangers, qui quittent l’Irak et la Syrie. Selon le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, «Daech tenterait de prendre le contrôle des puits de pétrole libyens pour financer leurs activités».
 
Si cet accord se concrétise, l’Otan se dit prêt à assister le futur gouvernement libyen dans la lutte contre Daech et pour restaurer la sécurité dans le pays.  
 
L’Europe aimerait également voire la mise en place d’un vrai gouvernement, en mesure de contrôler les réseaux de passeurs qui envoient régulièrement vers l’Italie des bateaux chargés de migrants.

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