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Depuis 30 ans, le père Pedro aide les plus pauvres de Madagascar

Le travail de l'association Akamasoa a été salué par le pape lors de sa visite sur la Grande Île, le 8 septembre 2019.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Le père Pedro Opeka aux côtés d'habitants d'Antananarivo qui fouillent le dépôt d'ordure de la capitale malgache, le 4 février 2014.  (RIJASOLO / AFP)

C'est la vision des enfants dans la décharge d’Antananarivo, se disputant la nourriture parmi les chiens et les cochons, qui a provoqué un choc chez le père Pedro. Nous sommes en 1989, voilà treize ans que le prêtre argentin partage la vie des paysans pauvres de Madagascar. Le travail dans les rizières, la maladie et la mort. Il faut croire que le prêtre n’avait pas vu le pire : les exclus de la société.

Pedro Pablo Opeka commence alors une nouvelle mission. Il doit sortir ces femmes, ces enfants et ces hommes de cette extrême misère. 70 familles acceptent de quitter la décharge pour fonder un village à 60 km de la ville. Ce sera Antolojanahary. "Nous pensions que le travail et la campagne pouvaient les guérir et les faire échapper au cercle de désespérance, de mendicité, de délinquance et de criminalité auquel elles semblaient vouées", explique le site de la fondation.

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Reportage AFP TV

Cinq autres villages vont suivre. Le principe est toujours le même : "Aider sans assister". Les familles construisent la maison dans laquelle elles vont vivre. Des maisons en bois au départ, puis en pierres. Le village est un lieu de travail pour les adultes et d’enseignement pour les enfants. Rien ne manque, pas même un dispensaire. Des quartiers pimpants et colorés.

Au départ, une carrière

Le travail se trouve sur la colline voisine de la décharge. Les hommes y ont creusé une carrière pour alimenter la construction des maisons. Entre la carrière, la construction, mais aussi une pépinière et tout l’artisanat nécessaire pour un village, Akamasoa fait travailler plus de 3000 personnes.

Aujourd’hui, 3000 maisons abritent 25 000 habitants. Pas moins de 500 000 Malgaches ont été aidés par l'association humanitaire Akamasoa. En 2014, plus de 12 000 enfants étaient scolarisés dans ses écoles. Les nouvelles familles accueillies dans les villages ont l’obligation d’y inscrire leurs enfants. Le cursus scolaire s’étend de la maternelle à l’université, ce qui n’est pas sans rappeler le réseau jésuite, dont est issu le pape François. "Ce suivi constant est la seule façon d’aider à se façonner des personnalités stables, autonomes, aptes à travailler à l’âge adulte et citoyens conscients participant à la vie de leur nation", explique la communauté.

La Dina

La rigueur, encore et toujours, est au centre de la communauté. Les membres doivent adhérer à une charte de vie appelée Dina. Ni drogue, ni alcool, jeu et prostitution prohibés. De l’aveu même d’Akamasoa, cette règle est souvent difficile à respecter, car la misère n’est jamais bien loin. L'association le reconnaît, le salaire de ses ouvriers est bien faible : 30 euros par mois, selon l’AFP. L’autosuffisance recherchée n'est pas atteinte et le père Pedro doit sans cesse trouver des donateurs pour faire vivre la communauté.

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