Entre Daech et Al-Qaïda, Vladimir Poutine s'enfonce dans le bourbier djihadiste
Revendiquée par le groupe Al-Mourabitoune de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar en coopération avec la nébuleuse Al-Qaïda, l’opération djihadiste contre l’hôtel Radisson dans la capitale malienne le 21 novembre 2015 a fait 21 morts dont six ressortissants russes.
Six Russes tués par balle dès les premières minutes de l'attaque
Six employés sur les douze de la compagnie aérienne Volgar-Dnepr, descendus dans cet hôtel. Les victimes «ont été tuées par balle par les assaillants dans le restaurant dès les premières minutes de l’attaque», selon un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères, les six autres ont pu être libérés.
Ces nouvelles pertes russes en vies humaines interviennent moins d’un mois après l’attentat contre l’Airbus de la compagnie Metrojet au dessus du Sinaï. L’opération, qui a fait 224 morts, avait été revendiquée par Daech, l’autre nébuleuse islamiste.
Moscou, qui a mis deux semaines avant de reconnaître qu’il s’agissait d’un attentat, a décidé d’intensifier ses frappes en Syrie contre «les goupes terroristes» qui menacent le régime de Bachar al-Assad.
L’aviation russe, qui ne s’attaquait, depuis le 30 septembre 2015, qu’aux combattants d’Al-Nosra (Al-Qaïda en Syrie) et de l’Armée syrienne libre, a en effet multiplié les raids, ciblant cette fois-ci des positions de Daech et ses camions-citernes, une des principales sources de son financement.
Moscou tire des missiles de croisière depuis la Caspienne contre Daech
Outre les raids des chasseurs bombardiers, les navires de la flottille russe de la Caspienne ont tiré 18 missiles de croisière contre Daech dans les provinces de Raqqa, Idlib et Alep.
«Rien qu’avec un tir de missile de croisière sur une seule cible dans la province de Deir ez-Zor, plus de 600 combattants ont été tués», a annoncé le ministre russe de la Défense sans préciser la date du tir.
En dépit de l’inflexion de sa stratégie sur le terrain, Moscou se retrouve désormais aux prises avec les deux mâchoires du piège islamiste: l’organisation de l’Etat Islamique d’une part, qui exporte désormais la terreur hors des frontières syriennes, comme à Paris le 13 novembre 2015, et Al-Qaïda, de l’autre, qui vient de faire un coup d’éclat à Bamako pour montrer qu’elle n’abandonnait pas le terrain.
Vladimir Poutine cherche encore une coalition internationale
Dans un message de condoléances, adressé au président malien Boubakar Keita avant d’avoir le bilan des victimes russes, Vladimir Poutine a dénoncé «un crime inhumain.» Soulignant que le «terrorisme ne connaît pas de frontières», il estime que «la seule façon de faire face à cette menace est d’avoir une large coopération internationale.»
Dans le cadre de cette volonté de constituer une coalition internationale contre le terrorisme, le président russe va avoir une semaine chargée. Il est attendu le 23 novembre à Téhéran pour une rencontre avec le Guide suprême Ali Khamenei et le président Hassan Rohani.
Il doit également recevoir le 26 novembre à Moscou le président français, François Hollande, qui s’est rapproché de Moscou après l’attaque de Paris, pour ébaucher une coordination militaire en Syrie.
Mais de source diplomatique, la méfiance reste de mise concernant les intentions de la Russie qui, avec l’Iran, constituent un bouclier sans faille au régime de Bachar al-Assad.
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