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Le fils de Sophie Pétronin a eu "un rôle d'intermédiaire", soutenu par la France, "matériellement et financièrement", explique un journaliste

Anthony Fouchard a suivi depuis deux ans Sébastien Pétronin dans ses démarches pour obtenir la libération de sa mère, retenue otage pendant près de quatre ans au Mali. Il explique comment celui-ci a réussi à s'imposer au coeur des négociations et n'a cessé de "bousculer" l'État français.

Article rédigé par franceinfo
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Séabstien Pétronin a joué un rôle "prépondérant" dans la libération de sa mère, le 8 octobre 2020. (MICHELE CATTANI / AFP)

Sébastien Pétronin a eu un "rôle d'intermédiaire", durant la captivité de sa mère Sophie Pétronin, raconte vendredi 9 octobre sur franceinfo l'ancien correspondant de Radio France au Mali Anthony Fouchard. La dernière otage française a été libérée jeudi soir au Mali, après près de quatre ans de détention. Anthony Fouchard a suivi depuis deux ans Sébastien Pétronin dans ses tentatives pour faire libérer sa mère. Il évoque "un rôle que le gouvernement n'a jamais accordé à qui que ce soit d'autre", avec une aide financière et matérielle.

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franceinfo : Quel était le rôle du fils de Sophie Pétronin ?

Anthony Fouchard : Il a été prépondérant, c'est-à-dire qu'il a poussé tout le monde dans ses extrémités, notamment le gouvernement français. Le 24 décembre 2016, Sophie Pétronin est enlevée, le 26 décembre Sébastien est à Gao. Vraiment, il bouscule tout et finit par obtenir un rôle que le gouvernement n'avait jamais accordé à qui que ce soit d'autre, un rôle d'intermédiaire. L'État français va financer ses déplacements, en payant des billets d'avion, en mettant à disposition des véhicules sur place lorsqu'il se rend en Mauritanie, au Niger, au Mali. Il y a une conversation, notamment avec le ministre Jean-Yves Le Drian, assez hallucinante qui témoigne de cet échange. Le ministre Le Drian lui dit : "Vous pouvez rencontrer tel intermédiaire, ce serait très utile. Partez plutôt, d'ailleurs, du côté de cette piste-là. Pour les médicaments, nous avons fait passer l'argent". Il y a eu une vraie collaboration.

Pourquoi lui confier ce rôle ?

Il s'est arrogé ce rôle-là en bousculant tout le monde et il l'a conservé. Alors les relations avec les autorités ont périclité petit à petit, puis sont remontées un peu au beau fixe. Il y a vraiment eu des points de crispation sur ces quatre dernières années, mais globalement, la France l'a toujours appuyé et matériellement et financièrement. Quand elle ne l'a pas appuyé, Sébastien y est allé quand même sur ses propres fonds et, d'une manière ou d'une autre, les a forcés à réagir.

Que sait-on des conditions de captivité de Sophie Pétronin pendant ces quatre ans ?

On a des infos assez précises là-dessus, notamment grâce à la libération de deux otages en février 2020, Edith Blais et Luca Tacchetto, une Canadienne et un Italien, qui ont pu vraiment raconter les conditions de détention. Edith Blais, qui a partagé plusieurs mois en captivité avec Sophie Pétronin, raconte qu'elle était régulièrement alitée, souvent perfusée. Il y avait quand même un arrivage de médicaments assez régulier et des déplacements, selon un mode opératoire très précis. Chaque nouvelle lune pour les hommes, chaque pleine lune pour les femmes, il y avait un déplacement d'une centaine de kilomètres, où Edith et Sophie ont passé beaucoup de temps à calculer le temps qu'elles passaient en voiture. Elles essayaient de se raccrocher à toutes ces petites informations là. Au rang des petites informations rigolotes qui prêtent à sourire, c'est ce que raconte Edith, c'est ce sac de cailloux.

Sophie, à chaque campement a amassé un petit caillou différent et a dit que quand sortirait, elle les donnerait à son petit-fils pour tapisser le fond d'un aquarium. Le sac était devenu si lourd qu'un des ravisseurs était chargé de le porter, mais la forte tête Sophie Pétronin a réussi à le garder jusqu'au bout. 

Anthony Fouchard, journaliste

à franceinfo

 Malheureusement, je ne l'ai pas vu arriver sur le tarmac avec, donc je ne sais pas ce qu'il est devenu.

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