Mali : "Nous tirons un bilan sur le plan militaire qui est globalement positif" de l'opération Barkhane, assure l'État-major des armées
"Nous avons atteint les objectifs qui nous ont été fixés successivement depuis 2013", assure sur franceinfo le colonel Pascal Ianni.
Le colonel Pascal Ianni, porte-parole de l’État-major des armées, estime jeudi 17 février sur franceinfo que l'opération Barkhane au Mali a "un bilan sur le plan militaire qui est globalement positif", alors que les troupes françaises s'apprêtent à quitter le pays à partir de vendredi.
franceinfo : Quel bilan tirez-vous de l'opération Barkhane à l'heure où les troupes se retirent ?
Colonel Pascal Ianni : le premier point, c'est que l'opération Barkhane ne va pas s'arrêter. Ce qu'a dit le président de la République, chef des armées, c'est que nous allons rester mobilisés dans la lutte contre les groupes armés terroristes dans la bande sahélienne, mais également en Afrique de l'Ouest, en appui et en soutien de nos partenaires africains et en coordination avec nos alliés européens et américains. L'opération Barkhane ne se termine pas. Le deuxième point, c'est qu'effectivement, nous allons quitter le Mali, comme l'a annoncé le président ce matin avec ses homologues africains et avec Charles Michel [président du Conseil européen].
"Nous tirons un bilan sur le plan militaire qui est globalement positif, parce que nous avons atteint les objectifs qui nous ont été fixés successivement depuis 2013."
Colonel Pascal Ianni, porte-parole de l’État-major des arméesà franceinfo
Les objectifs fixés en 2013 ont-ils été atteints ?
L'objectif qui a été fixé à l'armée française en 2013 avec l'opération Serval, c'est de stopper les colonnes jihadistes qui descendaient sur Bamako en janvier 2013, sur la demande expresse et urgente des autorités maliennes, et de reconquérir la souveraineté malienne. C'est ce qui s'est passé puisque nous avons détruit les colonnes jihadistes et nous avons permis à l'Etat malien de recouvrer la souveraineté sur l'ensemble de son territoire.
Y aura-t-il par à-coups des soldats français au Mali ?
À ce stade et dans les conditions prévues, la réponse est non. Une fois que nous aurons retiré nos forces du Mali, il n'y aura plus de soldats à terre. Néanmoins, il y a des échanges avec la Mission des Nations unies, la Minusma, pour assurer des missions de réassurance ou d'appui. Un dialogue est en cours entre la France et l'ONU et ces missions ne seront assurées que si les autorités maliennes le demandent.
Les objectifs généraux et initiaux étaient inatteignables, c'était une guerre ingagnable ?
Les objectifs fixés aux armées au Mali ont toujours été assez clairs. En 2013, on nous a demandé d'empêcher les jihadistes d'avancer. En 2020, on nous a demandé en janvier de combattre l'EIGS [Etat Islamique au Grand Sahara], la filiale de Daech, dans la zone des "trois frontières", pour mettre fin à des massacres contre des unités maliennes et nigériennes. Et c'est ce que nous avons fait.
"On ne nous a pas demandé de mettre fin au terrorisme, parce que ça ne se résout pas uniquement par l'outil militaire. La réponse militaire n'est qu'une partie de la réponse. Les racines du terrorisme, elles sont politiques, sociales, économiques, culturelles, elles ne sont pas que sécuritaires."
Colonel Pascal Ianni, porte-parole de l’État-major des arméesà franceinfo
Les armées locales sur place ont-elles aujourd'hui les moyens de se défendre seules ?
Oui. Les forces armées maliennes, en 2013, ce sont 7 000 hommes qui sont mal équipés, mal encadrés, mal organisés et qui sont incapables de faire face à la vague jihadiste qui descend du Nord. C'est la raison pour laquelle la France est appelée à la rescousse. Aujourd'hui, les armées maliennes, ce sont 34 000 hommes, plus 6 000 gendarmes, 40 000 hommes qui sont déployés sur le terrain. Elles ne sont pas encore totalement autonomes et elles n'ont pas l'efficacité d'une armée occidentale du type armée française, parce qu'il faut des décennies pour construire un outil militaire efficace, mais elles sont montées en gamme. Il y a des bons résultats obtenus par Takuba dans la zone des "trois frontières". Les opérations qui se multiplient se soldent par de vrais résultats opérationnels.
Comment va s'organiser le retrait des troupes françaises à partir de vendredi, pour quatre à six mois ?
C'est une manœuvre extrêmement complexe et extrêmement difficile qui s'annonce. Pourquoi ? D'abord, parce qu'il s'agit d'une manœuvre logistique d'une ampleur assez importante. Il va falloir vider les bases et organiser des manœuvres logistiques par voie aérienne, par voie routière assez conséquente. Mais dans le même temps, il va falloir continuer à combattre les groupes armés qui vont continuer d'agir. C'est une période où il va falloir faire preuve de beaucoup de vigilance et professionnalisme. Nous prendrons toutes les mesures pour remplir cette mission au mieux.
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