Soupçons d'exactions au Mali : la presse empêchée d'enquêter
L'armée malienne a fermé aux journalistes la ville de Sévaré, où des témoins évoquent des exactions contre des civils.
L'armée malienne se rend-elle coupable d'exactions contre des civils ? Difficile de le savoir précisément, puisque la presse est soigneusement tenue à l'écart du front. Mercredi 23 janvier, l'armée malienne a interdit aux journalistes de pénétrer à Sévaré (Mali), dans le centre du pays.
Des habitants et des organisations de défense des droits de l'homme se sont alarmés de l'exécution par des soldats gouvernementaux de Touareg et d'Arabes accusés de collaborer avec les rebelles islamistes.
"Beaucoup de corps dans des puits"
Un envoyé spécial de l'agence Reuters, qui a tout de même pu entrer à Sévaré, a vu au moins six corps dans deux secteurs du quartier de Walirdi. Trois d'entre eux étaient allongés, partiellement recouverts de sable à proximité d'une gare routière et portaient des signes de brûlures. Trois autres cadavres avaient été aussi jetés dans un puits des environs.
"Il y a beaucoup d'autres corps ici et dans des puits. Il s'agit uniquement de Touareg et d'Arabes, certains portaient la barbe", témoigne Oumar, un vendeur de bijoux qui a longtemps travaillé étroitement avec la communauté touareg de Sévaré.
La fédération internationale des droits de l'homme exige une enquête
Cet homme, qui refuse de donner son patronyme par peur de représailles, affirme que son ami Hamid Ag Mohamd a été arrêté par des soldats peu après l'imposition, le 12 janvier, de l'état d'urgence par le président par intérim Dioncounda Traoré : "J'ai essayé de l'appeler mais son téléphone sonnait dans le vide. Le lendemain, son corps gisait derrière la station à Sévaré."
La Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH, dont le siège est à Paris) affirme disposer de preuves de l'exécution par l'armée malienne d'au moins onze personnes à Sévaré à partir du 10 janvier. La FIDH a demandé l'ouverture d'une enquête indépendante. La FIDH a également fait état de la mort de deux Touareg dans la région de Niono, plus à l'ouest, et évoque d'autres informations non confirmées sur des exécutions sommaires dans l'ouest et le centre du Mali.
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