Selon un communiqué parvenu à l'AFP, des membres du mouvement islamiste malien Ansar Dine ont fait sécession et ont créé un nouveau mouvement, le Mouvement Islamique de l'Azawad (MIA). A la tête de ce nouveau groupe, Algabass Ag Intallah. Au nom d'Ansar Dine, il participait depuis décembre 2012 aux négociations de Ouagadougou. Le MIA dit vouloir trouver une solution négociée.
Un homme grand, clair de peau, arborant toujours un sourire aux lèvres. C'est ainsi que Jean-Paul Mari, du Nouvel Observateur, dresse le portrait d'Algabass Ag Intallah. Son père est le chef suprême des Touaregs et Algabass Ag Intallah est appelé à lui succéder.
Omniprésent à Ouagadougou, lors de négociations tripartites en décembre dernier, il a essayé au nom d'Ansar Dine d'éviter l'opération militaire. Mais le gouvernement malien, les Touaregs religieux d'Ansar Dine et ceux, laïcs, du MNLA n'ont pas réussi à s'entendre.
En tout cas, Algabass Ag Intallah a milité pour que les Maliens trouvent entre eux la solution du conflit. Sur ce point, il est au diapason avec le maître du Burkina, le président Blaise Compaoré, médiateur au nom de la CEDEAO. Et cela crée des liens.
La main tendue à Bamako
Il faut croire que l'échec des négociations et l'intervention de la France a incité l'homme à s'affranchir du mouvement islamiste ou, en tout cas, de l'étiquette «Ansar Dine» trop connotée «islamiste». «Le MIA affirme de la manière la plus solennelle qu'il se démarque totalement de tout groupe terroriste, condamne et rejette toute forme d'extrémisme et de terrorisme et s'engage à les combattre», affirme-t-il dans un communiqué reçu par l'AFP.
Si Algabass Ag Intallah est un musulman pratiquant, il ne veut pas de l'application extrême de la charia comme à Tombouctou ou à Gao. Il attend qu'on aide les Touaregs au développement économique du nord-Mali, région qu'il estime oubliée.
D'ailleurs, selon RFI, le nouveau mouvement demande au Mali (et donc à la France) un arrêt des hostilités sur la région de Kidal, la ville la plus au nord du pays. Kidal fief des Touaregs, et également d'Ansar Dine. En tout cas, si son nom est encore peu connu, c'est un personnage qui compte, qui pourrait peut-être fédérer le peuple Touareg.
L' échec d'un homme :Iyad Ag Ghaly
Avant cette annonce de scission, le double-jeu mené par la CEDEAO et Blaise Compaoré vis à vis d'Ansar Dine avait de quoi troubler. Ce groupe islamiste qualifié de radical est tout de même accepté à la table des négociations. Pire, les alliés de la France font ainsi des courbettes à son fondateur, Iyad Ag Ghaly.
Chef de guerre formé en Libye, Touareg jusqu'au bout, il règne sur la région de Kidal. Il a sur le tard versé dans un islam de plus en plus radical.
Depuis des années, il souffle le chaud et le froid, fomentant des rébellions puis jouant les bons offices pour libérer des otages, comme en Algérie en 2003, quand il a permis la libération de touristes enlevés par le GSPC.
Iyad Ag Ghaly voulait prendre la tête du MNLA, mais son islamisme a déplu aux Touaregs laïcs et nationalistes. Aussi, est-il parti fonder Ansar Dine.
Depuis, il a fédéré pas mal de combattants autour de lui. Ejecté le MNLA de ses positions, fait résonner le nom des «défenseurs de la foi» à maintes reprises, y compris en endossant la destruction des mausolés de Tombouctou.
Jusqu'à ce jour, Iyad Ag Ghaly semblait incontournable, et Ansar Dine la puissance montante du Sahel. La naissance du MIA signifie que de nouveaux interlocuteurs sont apparus, des Touaregs eux aussi, mais tenants d'un islam modéré. Une force indispensable en tout cas pour tenir le nord du Mali si on considère que le pays doit rester uni.
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