Le Maroc relâche un défenseur des droits de l’Homme sahraoui après 5 ans de détention arbitraire
Deux jours après la conférence de solidarité avec le Sahara Occidental en Afrique du Sud, le Maroc a libéré le défenseur des droits de l’Homme sahraoui, Mbarek Daoudi. Le groupe de travail du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU avait dénoncé dans son cas une détention arbitraire.
Cravate rouge, veste noire et pantalon vert, c’est habillé aux couleurs du drapeau de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) que le militant Mbarek Daoudi a recouvré la liberté le 28 mars 2019, après avoir purgé une peine de cinq années de prison, a indiqué le site Action et réflexion pour l’avenir du Sahara Occidental.
Libéré par les autorités marocaines de l’établissement pénitentiaire Bouizakarne, à 40 kilomètres au nord de Guelmim dans le sud marocain, le défenseur des droits de l’Homme sahraoui a été accueilli par quelques militants et sympathisants auxquels il a adressé ses remerciements.
Dans une vidéo postée sur Youtube, il a appelé à poursuivre les efforts pour obtenir la libération des autres militants sahraouis toujours détenus par le Maroc.
Une détention arbitraire, selon le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU
Cette libération intervient deux jours après la clôture des travaux de la Conférence de solidarité avec le peuple sahraoui les 25 et 26 mars à Pretoria. Mais aussi et surtout cinq jours après la dénonciation par quelque 200 ONG des conditions d’incarcération de Daoudi, rapporte le site Algérie patriotique.
Un rapport du Groupe de travail sur la détention arbitraire du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU avait pourtant conclu sur le cas Daoudi en novembre 2018 à une privation de liberté arbitraire en violation du droit international et de la Déclaration des droits de l'Homme.
Dès août 2018, ce groupe avait établi que Mbarek Daoudi "n’a toujours pas eu un avocat durant les différentes procédures auxquelles il a fait face, et qu’il a subi des abus qui l’ont conduit aux aveux que le tribunal a utilisés pour le condamner", selon Algérie patriotique.
Arrêté à Guelmim en septembre 2013, en même temps que trois de ses fils (eux relâchés au bout de longs mois de détention, précise le site Ecrire pour les libérer, il a été poursuivi par un tribunal militaire avant d’être transféré devant un tribunal civil, en raison de ses prises de position publiques pour l’autodétermination du peuple sahraoui et l’indépendance du Sahara occidental.
Agé de 63 ans, cet ancien officier de l'armée marocaine à la retraite est en effet aussi militant politique et défenseur des droits de l'Homme. Dans une lettre ouverte au ministre marocain de la Justice, les ONG ont rappelé que pour le groupe de travail de l’ONU, il n’y avait aucun doute sur le fait que les accusations auxquelles Daoudi faisait face découlaient de son identité sahraouie et de ses positions politiques.
"Le Groupe de travail a demandé aux autorités marocaines de prendre les mesures qui s’imposent pour remédier sans tarder à la situation de Mbarek Daoudi et la rendre compatible avec les normes internationales applicables", écrivent les signataires, appelant à le "libérer immédiatement" et à lui "accorder le droit d’obtenir réparation".
L’administration pénitentiaire avait fait savoir aux signataires que le militant sahraoui serait libéré le 28 mars. Ce qui est désormais chose faite.
Plus d'une trentaine de détenus politiques sahraouis
Depuis Laayoune, l’avocat Ibrahim Dahan, président de l’Association sahraouie des victimes des graves violations des droits de l’Homme de l’Etat marocain, a commenté cette libération à l’agence Sahara Press Service. Prisonnier lui-même, il estime que la détention de Mbarek Daoudi durant cinq ans est "une vengeance contre ses prises de position héroïques. Et la bataille continue face à la détermination de l’occupant marocain à incarcérer les militants sahraouis sous des accusations et des dossiers fabriqués de toutes pièces".
Selon Dahan, plus d’une trentaine de prisonniers politiques sahraouis croupissent toujours dans les prisons du Maroc après "des condamnations abusives allant jusqu’à la perpétuité".
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