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Maroc-France : l'amitié retrouvée

Après un an de relations glaciales, le couple franco-marocain se reforme à nouveau. Les deux pays ont repris leur coopération judiciaire, gelée depuis février 2014. Retour sur un désamour qui a duré près d'un an.
Article rédigé par franceinfo
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Manuel Valls et la princesse Lalla Meryem à l'Institut du monde arabe (Paris) le 1er février 2015 (Lionel Bonaventure/AFP)

Les liens sont renoués, l'amitié est à nouveau affichée à force de déclarations officielles et de sourires. Le Premir ministre français Manuel Valls salue «l'amitié» entre la France et le Maroc et un «lien qui résiste à tout». Et au ministre marocain des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, d'appeler à «tourner la page» de la crise diplomatique. Les deux pays viennent de reprendre leur coopération judiciaire après un an de crispation. Ce «dénouement heureux ouvre une nouvelle page dans nos relations, basées sur la confiance mutuelle. Il va nous permettre de regarder vers l'avenir et tourner la page», affirme encore Salaheddine Mezouar. 

Incompréhension, différend, crise... les relations entre les deux pays se sont fortement dégradées depuis une année, le 20 février 2014 précisément. Abdellatif Hammouchi est l’homme par qui la brouille est arrivée. Le patron du contre-espionnage marocain était en mission officielle à Paris pour une réunion sur la sécurité. Il accompagnait le ministre marocain de l'Intérieur Mohamed Hassad pour un G4 avec ses homologues français, espagnol et portugais.

François Hollande et Hitler
Le quotidien marocain arabophone Al Watan n'a pas fait dans la demi-mesure dans son dernier numéro du 29 janvier. Sur sa une, il met une moustache à la Hitler et une croix gammée au président français dans un photomontage accompagné de ce titre : «Les Français vont-ils faire renaître les camps de concentration d'Hitler pour exterminer les musulmans ?» Jamais un média marocain n'est allé aussi loin dans la provocation, d'autant que le code de la presse marocain prévoit une peine d'un mois à un an de prison, ainsi qu'une amende, en cas d'«offense commise publiquement» envers un chef d'Etat étranger. Cela montre à quel point les relations entre Rabat et Paris étaient exacerbées.

François Hollande grimé en Hitler par Al Watn Al An (Al Watan/France TV)


Torture, plainte et raison d’Etat
A l'origine, sept policiers se rendent à l’ambassade du Maroc pour remettre au chef des services secrets une convocation sur ordre d’un juge d’instruction, saisi par l’ONG française Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (Acat). Selon cette association, des actes de torture auraient été commis au centre de détention marocain de Temara, qui dépendrait de la Direction générale marocaine de la surveillance du territoire (DGST).

Le Maroc voit rouge, convoque l’ambassadeur de France, attaque l’association pour diffamation et surtout met fin à sa coopération judiciaire avec la France. Paris tente vainement de rassurer Rabat. François Hollande décroche lui-même le téléphone pour appeler le roi Mohamed VI, rien n’y fait. Jusqu'au samedi 31 janvier.

Manifestation de Marocains devant l'ambassade de France à Rabat, le 25 février 2014 (Fadel Senna/Afp)

«Nous sommes deux pays qui ont des responsabilités partagées (...). Il fallait faire en sorte que nos relations soient encore plus construites, structurées pour éviter les malentendus et l'utilisation de nos justices respectives à des fins qui ne sont pas souvent celles auxquelles on se réfère», relève le ministre marocain. 

Qu'est-ce qui a permis de débloquer les négociations ? «Un long processus de discussions franches entre les deux gouvernements, dans le respect des législations des deux pays et de nos engagements internationaux», affirme, sans plus de précision, Salaheddine Mezouar. 

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