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Mort du petit Rayan au Maroc : de l'espoir d'un sauvetage au dénouement tragique, quatre jours qui ont ému le royaume et le monde

Malgré une opération de sauvetage de grande envergure, les secouristes marocains ne sont pas parvenus à sauver l’enfant de 5 ans tombé dans un puits asséché de plus de 30 mètres de profondeur. Retour sur ce drame à la résonance mondiale.

Article rédigé par Antoine Comte
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Des secouristes à pied d'œuvre pour tenter de sauver un enfant de 5 ans tombé dans un puits, le 3 février 2022, près de Bab Berred, dans le nord du Maroc. (AFP)

Son histoire a ému bien au-delà des frontières du Maroc. Il est pratiquement 22 heures, samedi 5 février, lorsque que la nouvelle qui tient tout le royaume en haleine tombe enfin : "Le petit Rayan vient d'être extrait du puits dans lequel il était tombé mardi, mais nous n'avons pas connaissance pour le moment de son état de santé", annonce Al Jazeera (article en anglais). Sur les images de la chaîne, qui retransmet en direct les moindres faits et gestes des secouristes mobilisés depuis mardi soir pour tenter de sauver le petit garçon âgé de 5 ans, on voit une foule massée aux abords du lieu du drame, formant avec les secouristes une impressionnante haie d'honneur au passage de l'enfant, dont le corps est embarqué dans une ambulance.

On apprend quelques minutes plus tard, par un communiqué du roi du Maroc, que le garçonnet n'a pas survécu. "Suite au tragique incident qui a coûté la vie à l'enfant Rayan Aourram, Sa Majesté le Roi Mohammed VI (...) a eu un appel téléphonique avec M. Khaled Aourram et Mme Ouassima Kharchich, parents du défunt décédé suite à sa chute dans un puits", écrit le monarque, comme le rapporte le journal marocain Le Matin.

Des hommages dans le monde entier

Au Maroc, comme partout dans le monde, l'espoir fait alors aussitôt place à la douleur. Sur les réseaux sociaux, les hommages se multiplient. Le hashtag portant le prénom de l'enfant envahit rapidement les réseaux sociaux. Avec notamment ce dessin de l'artiste Mohamed Elkho représentant l'enfant montant au ciel accroché à un ballon en forme de cœur et floqué du drapeau du Maroc. Des personnalités, comme le footballeur du PSG Achraf Hakimi ou l'international algérien du Milan AC Ismaël Bennacer, postent des messages de soutien à la famille du petit garçon, aux secouristes et au peuple marocain.

En France, Emmanuel Macron et plusieurs candidats à l'élection présidentielle, comme Yannick Jadot ou Anne Hidalgo, ont également fait part de leur émotion après ce dénouement tragique.

La course contre la montre pour sauver le jeune enfant avait débuté quatre jours plus tôt. Mardi 1er février, vers 14 heures, Rayan Aourram chute dans un puits de plus de 30 mètres de profondeur que son père est en train de réparer, non loin de la maison familiale, située à Ighrane.

Ce village de 500 habitants de la province de Chefchaouen, dans le nord du Maroc, a la particularité d'abriter de nombreux puits profonds, utilisés pour irriguer les cultures et notamment celle du cannabis. Dans cette zone aride et montagneuse, la culture des plants de cannabis et l'une des seules sources de revenus pour les locaux, selon Al Jazeera (article en anglais).

La délicate opération de secours

Alors que les circonstances exactes de la chute de l'enfant demeurent floues, sa famille décide de rapidement donner l'alerte. "J’étais en train de réparer mon puits, Rayan était à côté de moi, à un moment il est tombé. Je ne m’en suis pas rendu compte. Nous avons alerté les autorités et tous les habitants sont venus nous soutenir", confie le père de l’enfant, interrogé par le site d’information marocain Le360. Des dizaines de secouristes sont alors dépêchés sur les lieux. Mais ces derniers se rendent compte que l'opération sera bien plus délicate que prévue.

Le puits asséché de 32 mètres de profondeur ne mesure en effet que 45 centimètres de large en son sommet et se rétrécit davantage vers le fond. Pour les sauveteurs, descendre directement dans le puits se révèle donc impossible. Face aux risques d'éboulement, l'hypothèse d'un élargissement du puits pour pouvoir y pénétrer est abandonnée. 

Dès le lendemain, le village, qui suit attentivement les opérations de secours, assiste au ballet incessant de pelleteuses utilisées pour creuser autour du puits. Pour atteindre les 32 mètres de profondeur, le creusement est d'abord réalisé de façon verticale puis horizontalement "pour créer un espace de trois mètres entre le puits et le trou", dixit les secouristes en charge de cette opération.

Un forage à pas de loups, très précautionneux pour éviter tout affaissement du puits creusé dans ce sol sablonneux, est alors entrepris. Une opération interminable : des témoins sur place interrogés par les médias locaux rapportent que les sauveteurs ne peuvent creuser que 20 centimètres par heure.

Mais les secouristes comme les Marocains y croient. Un comité de suivi et de sauvetage est mis en place, et alors que la délicate opération de creusement se poursuit, les secouristes parviennent à entrer en contact avec Rayan. Ces derniers décident en effet de lui envoyer de l'eau et de l'oxygène, comme le rapporte le journal L'Observateur du Maroc et d'Afrique

Une vidéo du petit garçon toujours vivant

Grâce aux images en noir et blanc d’une caméra envoyée au fond du puits, on aperçoit le petit garçon affaibli et blessé, mais toujours en vie. "J’ai réussi à parler avec l’enfant. Je lui ai demandé s’il pouvait m’entendre et il y a eu une réponse. J’ai attendu une minute et j’ai vu qu’il commençait à utiliser l’oxygène", a notamment assuré l’un des secouristes au site Hespress.

Cette vidéo fait le tour des réseaux sociaux. Vendredi, alors que le dénouement approche, le pays entier retient son souffle et des habitants de toute la région de Chefchaouen se pressent pour voir de leurs propres yeux la fin des opérations de secours. 

Solidarité et dénouement tragique

En signe de soutien à la famille de Rayan et envers les sauveteurs mobilisés sans relâche depuis déjà quatre jours, des milliers de personnes entonnent des chants et prient à proximité du puits. Certains décident de cuisiner des plats chauds pour les secouristes et plusieurs médias locaux, comme la chaîne de télévision publique marocaine 2M, rapportent même que des Marocains ont décidé de dormir sur place, malgré les températures glaciales à cette période de l'année dans la région.

Mais l'élan de solidarité n'aura pas suffi. Samedi, aux alentours de 17 heures, les secouristes parviennent à pénétrer jusqu'à la poche dans laquelle se trouve Rayan. Peu avant 22 heures, quand ils parviennent à remonter le petit garçon sur une civière, la foule amassée à proximité de l'immense cratère croit encore au miracle. Mais quelques minutes plus tard, c'est le choc. Des journalistes sur place confirment que le corps de Rayan, qui a été chargé dans l'ambulance, est sans vie. Un peu plus tôt, le roi Mohammed VI avait contacté les parents pour leur présenter ses condoléances.

En quelques jours, Rayan sera devenu le visage du Maroc, d'un peuple solidaire et prêt à tout pour sauver l'un de ses enfants. Un drame mondial qui rappelle celui d'un garçon de 2 ans qui avait perdu la vie après avoir chuté dans un puits de 25 centimètres de diamètre et de plus de 100 mètres de profondeur au début de l'année 2019 en Espagne, en Andalousie. Le corps du petit Julen avait été retrouvé par les secouristes après treize jours de recherches et le déploiement d'une opération de sauvetage similaire.

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