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"Une nouvelle génération" : la galerie Abla Ababou expose à Rabat des œuvres de 14 jeunes artistes marocains
Publié le 12/04/2021 14:56
Mis à jour le 12/04/2021 14:58
Temps de lecture : 1min
Comme un éloge à la nouvelle scène artistique marocaine, cette exposition conduite par Fouad Bellamine porte un regard résolument moderne sur le futur.
Pour présenter la nouvelle génération d’artistes contemporains, la galerie Abla Ababou à Rabat, au Maroc, offre jusqu’au 30 avril une Carte blanche à Fouad Bellamine, l’une des figures les plus importantes de l’art contemporain.
L’artiste a pu ainsi inviter 14 plasticiens aux sensibilités diverses et aux techniques multiples pour "une exposition à appréhender comme une exploration des nouvelles expressions, mais surtout comme une quête de sens dans un monde dominé plus que jamais par l’incertain ", déclare la galerie.
L’exposition propose aussi de découvrir les nouvelles œuvres de Fouad Bellamine.
Né en 1950 à Fès, Fouad Bellamine est reconnu comme l'un des artistes majeurs au Maroc. Il déclare à propos de sa peinture, qu’elle est "sans motif-prétexte ni anecdote : il n’y a jamais eu de sujet dans ma peinture. S’il y a un sujet, c’est la peinture elle-même, ni narration, ni portée symbolique non plus, mais une atmosphère de sérénité et de bien-être, non sans un certain lyrisme, comme une promesse de méditation." "Le minimalisme de ces œuvres porte une charge affective, une vulnérabilité émotionnelle, comme un champ ouvert à l'expérience intérieure et à la spiritualité dans l'espace vibrant de la peinture", confirme Latifa Serghini dans le livre "Colours of Silence", la première monographie de l’artiste. (FOUAD BELLAMINE)
Saïd Afifi, est photographe, vidéaste, plasticien et professeur à l’Ecole supérieure des arts visuels de Marrakech et à l’Institut national des Beaux-Arts de Tétouan. Il explore l’ultra-modernité dans ses œuvres influencées par la science-fiction et l’univers du jeu vidéo. Cité par le quotidien "Le Matin", il déclare : "Est-ce que la réalité perçue par mes sens est bien celle du monde tel qu’il est ? Quelle est la place de l’imagination dans la façon dont j’interprète la réalité ? Comment se fait-il que certains soient devenus les maîtres de nos doutes et jouent avec nos craintes, et conditionnent nos comportements en maîtrisant nos interrogations ?" (SAID AFIFI)
Dans la série "Carnet d’un confiné", elle représente les lieux où Sanae Arraqas et ses proches ont été obligés de passer la majorité de leur temps en raison du coronavirus. "Sa pratique, quasi anthropologique, interroge nos modes de vie contemporains et les nouvelles formes d'aliénation dans l’espace public. Voyageuse dans l’âme, elle n’a de cesse d’enrichir sa démarche plastique d'une dimension multiculturelle et multidisciplinaire pour tenter de s’acheminer vers une expression universelle", précise la galerie. (SANAE ARRAQAS)
Mo Baala est un artiste autodidacte et pluridisciplinaire. Il dessine, peint, sculpte, pratique le collage et le graffiti. "L’école de la vie, les lectures, le cinéma, la musique, les rencontres, la philosophie, les arts traditionnels et l’artisanat marocains, africains et d’ailleurs… Son enfance et sa jeunesse au cœur des souks et des bazars de sa ville Taroudant suivis plus tard par ceux de Marrakech, et de ses grandes marches à pied à travers le Maroc ont constitué l’essentiel de son intensive éducation artistique et créative", explique Le Comptoir des Mines Galerie, un centre d’art contemporain à Marrakech. Aujourd’hui, Mo Baala participe à de nombreuses expositions et foires d’art internationales. (MO BAALA)
Hakim Benchekroun, diplômé en architecture, photographe et vidéaste, il a fondé l’agence de création Studiolo avec, pour ambition, de créer de nouvelles formes de narration et d’expériences culturelles. En tant que photographe, ses explorations l'ont amené à avoir une connaissance intime du paysage architectural marocain, à étudier les territoires en transition. "Cette série est un regard porté sur l’architecture en état d’obsolescence, permettant d'en imaginer la conception, d’en exalter l’existence, avant de s'abandonner à la poésie de sa sépulture. Ces moments où les architectures oubliées entrent en collusion avec leur territoire. L'ambition n'est jamais d'en dégager l'état de désolation, mais d'en exhumer l'existence triomphante et se délecter de l'inquiétante étrangeté qui se dégage de ces espaces", déclare-t-il. (HAKIM BENCHEKROUN)
Autodidacte, Morran Ben Lahcen a débuté par le graffiti. Ne se donnant aucune limite dans sa création, il s’est tourné vers la peinture et la sculpture. Dans sa réflexion sur l’individu et son espace-temps, "il se rend compte que notre vécu se subdivise et se classe selon deux dimensions : le temps et l’acte. Tout ce qu’on vit et toute la matière qui nous entoure existe par ces deux dimensions verticale et horizontale. Ce croisement de lignes qui l’obsède deviendra alors une signature technique qu’il utilisera pour rendre visible la matière invisible qui nous enveloppe", explique le media ONORIENT, consacré à l’art du Maghreb et du Moyen-Orient. Aujourd’hui, Morran Ben Lahcen fait partie de l’avant-garde des artistes contemporains. (MORRAN BEN LAHCEN)
Née à Casablanca, Déborah Benzaquen a vécu une grande partie de sa jeunesse à Paris. Grâce à la photographie, son médium de prédilection, elle explore des personnages et des situations narratives dans des mises en scène proches du théâtre et du cinéma. Dans ses judicieuses mises en perspective photographiques pointent une certaine magie et une forme délicate parfois de mélancolie. (DEBORAH BENZAQUEN)
"Le plus surprenant dans le visage humain et dans l'être humain en général c'est qu'il est simple de capturer son âme et son émotion à travers un seul clic", déclare Nour Eddine El Ghoumari. La plateforme consacrée à l’image, Afrique in visu, ajoute : "Il a bravé terre et mer pour avoir suffisamment de recul pour faire revivre sa ‘Taza’, ville natale dont il est le porte-parole de ses femmes, de ses vieux, de ses enfants. La misère, le silence, la résistance se lisent sur les visages de ses sujets : des rides indélébiles marquent ces ‘monuments vivants’ qui résistent aux affres du temps." Ses portraits primés par plusieurs prix internationaux sont considérés par certaines critiques comme les plus beaux du monde. (NOUR EDDINE EL GHOUMARI)
Les toiles abstraites à la simplicité apparente d’Abdallah El Haitout forment un autoportrait intérieur qui interroge la mémoire, les souvenirs et l’âme. Ce questionnement sur la transcendance, la vérité du monde et la vérité de l’être navigue entre philosophie et psychanalyse. Car "de couche en sous-couche, Abdallah El Haitout met à nu tout ce que ses études en psychanalyse lui ont permis d’appeler le refoulé. Il sait où il met les pieds, vers quelles ténèbres – ou en l’occurrence vers quelles illuminations – il avance en ainsi voilant-dévoilant tout ce qui fait la profondeur de son travail", déclare la célèbre Gallery Kent de Tanger. (ABDALLAH EL HAITOUT)
Najoua El Hitmi est un autodidacte dont la peinture n’appartient à aucune école, ni mouvement particulier. Comme une calligraphie arabe contemporaine, elle raconte dans un entretien à "Aujourd’hui Le Maroc" : "La peinture représente le mouvement de la vie, la vibration qui fait bouger toutes choses dans l’univers, de l’infiniment petit à l’infiniment grand, tout est en perpétuel mouvement, allant du battement cardiaque, la respiration à la rotation des planètes." (NAJOUA EL HITMI)
Tout le travail de Khadija Jay s’oriente vers le feu, la parabole du feu. C’est dans son ambivalence, sa dichotomie et son paradoxe qu’elle trouve matière à réflexion. "La conception de ce travail est un ensemble de recherches graphiques où j’explore et j’utilise la matière. Ma réflexion conceptuelle, esthétique, créative et spirituelle se réfère à des données sociales, religieuses et politiques dont l’objet reste l’étude de l’apparence, la féminité et la dialectique qui en découle. Le feu est un élément fondamental de la nature avec une forte symbolique, dans différentes cultures et civilisations", déclare l’artiste. (KHADIJA JAYI)
"Je peins, filme et photographie avec force les contradictions propres à mon pays natal et au monde contemporain depuis près de vingt ans. J’ai commencé à dessiner avant que je ne sache écrire. Je tente de réinventer et de réécrire l’histoire de l’être humain par des émotions, parce que je viens d’une culture où l’art figuratif est interdit", explique Omar Mahfoudi sur son site. L'art est aussi son auto-thérapie, un moyen de s’interroger sur le corps et la sexualité dans une culture réfractaire à l’expression de l’érotisme. La violence, l’humour et l’actualité qui dominent dans ses vidéos, ses photographies, sa peinture et ses dessins font de lui un artiste pluridisciplinaire en quête d’un langage universel. (OMAR MAHFOUDI)
Après des études en graphisme et en cinéma, Youssef Ouchra artiste multidisciplinaire intègre dans son travail l’art de la performance à celui de l’installation et de la vidéo. Il s’interroge sur le rapport de l’Homme avec certains rituels et sur sa mutation dans le monde moderne, "Que devient notre nature première ? Comment évolue-t-elle dans une société totalement connectée et surmédiatisée ? Quel est l’impact des gestes répétitifs sur notre quotidien ?" Artiste engagé, Youssef Ouchra dénonce à travers son art, les raisons qui alimentent les conflits du monde. (YOUSSEF OUCHRA)
Le travail de Mouhcine Rahaoui offre une immersion dans les méandres de sa mémoire et dans son rapport avec la dure réalité d’une ville où la seule façon de subsister est celle d’emprunter le chemin du lapin, avec le risque de ne pas en ressortir vivant. Un chemin qui, d’après une légende urbaine, raconte qu'un garde forestier belge serait tombé sur un gisement de charbon à la fin des années 20 après avoir croisé le chemin d’un lapin noir couvert de charbon. Les premières exploitations des mines ont alors fait leur apparition dans la ville de Jérada. "L’artiste plasticien se questionne sur l’absurdité de la vie et son injustice. La mine le nourrit, mais elle peut aussi le tuer à petit feu. Rahaoui se demande pourquoi là-bas, à Jérada, le travail mène à la mort plutôt qu'à la vie ?", explique la Abla Ababou Galerie. (MOUHCINE RAHAOUI)
Si Salah Taibi s’est essayé brièvement à l’abstraction dans une série de toiles lumineuses et épurées, il est avant tout un peintre figuratif et le portrait son principal sujet. Sa grande maîtrise technique et une extrême sensibilité lui permettent de célébrer différemment ses protagonistes, d’exorciser ses démons et de représenter admirablement l’angoisse et le malaise existentiel qui hantent l’homme moderne via une peinture on ne peut plus contemporaine. (SALAH TAIBI)
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