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Lutte anti-jihadiste au Sahel : Washington demande aux pays de la région "d’en faire plus"

Selon Washington, une réponse militaire dans la région en proie à une insécurité croissante ne suffit pas, il faut également s’attaquer aux causes du conflit. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Les dirigeants des pays du G5-Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad, Mauritanie) réunis à Niamey au Niger, le 15 décembre 2019. (BOUREIMA HAMA / AFP)

Washington s'est montré très critique, lundi 16 décembre 2019 à l'ONU, à l'égard des pays du Sahel, jugeant que leurs dirigeants n'en faisaient pas assez pour stabiliser la région. Cette réaction américaine intervient au lendemain d'un sommet de la force G5-Sahel (Niger, Mali, Burkina Faso, Tchad, Mauritanie) ayant appelé à "davantage de coopération et de soutien international". 

"Pour lutter contre la violence dans la région et renforcer la stabilité, nous avons besoin d'un engagement accru des gouvernements régionaux", a souligné lors d'une réunion du Conseil de sécurité l'ambassadrice américaine à l'ONU, Cherith Norman. "Les Etats-Unis ont fourni une aide de plus de 5,5 milliards de dollars en 2017 et 2018 pour soutenir la stabilité et la sécurité à long terme en Afrique de l'Ouest", a-t-elle précisé.   

Il y quelques jours, des experts de Washington avaient jugé la situation au Sahel "hors de contrôle".

Non seulement les pays du G5-Sahel n’en font pas assez pour stabiliser la région, selon la diplomate américaine, mais encore, ils n'ont pas la bonne approche : "N'avoir qu'une réponse militaire empêche souvent de traiter les raisons qui sont à l'origine d'un conflit violent", a ainsi estimé Cherith Norman.

Mme Norman pointe le manque d'avancées au Mali

La diplomate américaine a sévèrement critiqué les politiques menées dans la région : "Toutes les communautés en Afrique de l'Ouest et au Sahel devraient pouvoir bénéficier de gouvernements inclusifs les représentant" et permettre "à la population d'accéder aux services essentiels et aux ressources" et de voir la responsabilité des dirigeants engagée "lorsqu'ils échouent à répondre à ces besoins".  

Cherith Norman a en particulier pointé du doigt le manque d'avancées constaté au Mali, en dépit de l'accord de paix conclu à Alger en 2015.

Cette réaction américaine fait suite à la réunion du 15 décembre 2019 à Niamey, au Niger. Réunis en sommet extraordinaire, les chefs d'Etat de la force régionale du G5-Sahel ont encouragé "à davantage de coopération internationale pour endiguer le péril jihadiste". Ils ont appelé à renforcer la coopération mutuelle, notamment avec les pays de la grande région (Sénégal, Côte d’Ivoire...) pour "un renforcement de la coopération entre les services de sécurité et de renseignement dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière", selon le communiqué.  

Pour combattre le terrorisme, nous avons besoin non pas de moins d'alliés, mais de plus d'alliés

Mahamadou Issoufou, président du Niger

AFP

Les pays du G5 ont également décidé de "mobiliser davantage de forces" dans la zone des trois frontières (Burkina-Mali-Niger) et de porter "à deux ans", contre un seul aujourd'hui, "le mandat du commandement de la force", selon le communiqué final de la réunion. Enfin, les cinq présidents ont encore demandé à la communauté internationale de "renforcer son soutien contre la menace terroriste" et redemandé à l'ONU "de renforcer le mandat de leur force militaire conjointe et celui de la Minusma au Mali".

Initialement prévu à Ouagadougou, le sommet avait été relocalisé à Niamey, en signe de solidarité après la sanglante attaque du camp militaire d'Inates le 10 décembre 2019, dans l'ouest du Niger, près de la frontière malienne, dans laquelle 71 soldats nigériens ont été tués par des jihadistes.

En janvier 2020 et pour deux ans, le Niger rejoindra comme membre non-permanent le Conseil de sécurité de l'ONU.

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