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Au Mozambique, l’homosexualité n’est plus un délit
L’ancienne colonie portugaise, qui vient de célébrer 40 ans d’indépendance, a décidé de dépénaliser les relations homosexuelles. Un nouveau code pénal est entré en vigueur le 29 juin 2015 écartant ainsi tout risque de persécution légale contre les couples de même sexe. Une initiative rare en Afrique où les deux tiers des gouvernements criminalisent l’homosexualité.
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Le code pénal antérieur, adopté en 1886 du temps de la colonisation portugaise, prévoyait l'application de «mesures de sécurité» envers les personnes «s'engageant habituellement dans des actes contre nature». Autrement dit, des peines allant jusqu'à trois ans de travail forcé ou de rééducation.
Mais ces moyens d'action, qui auraient pu être utilisés pour persécuter les homosexuels, n'ont en réalité jamais été appliqués depuis l'indépendance du pays en 1975. Il est vrai aussi qu'au Mozambique, l'intolérance envers les couples de même sexe est moins marquée que dans d'autres pays d'Afrique australe. Les actes de violence anti-gays y sont très rares, voire inexistants.
L'abrogation de ces articles est donc d'abord vécue «comme une victoire symbolique» par la communauté gay et lesbienne qui attend surtout d'être mieux intégrée à la société. Lambda, l'unique association de défense des droits LGBT au Mozambique, n'a toujours pas été officiellement reconnue par l'Etat, alors que la demande a été faite en 2008.
Un signal de tolérance envoyé aux pays voisins où l'homophobie règne en maître
Pour Dércio Tsandzana, un blogueur et activiste influent, en révisant le code pénal, les autorités du Mozambique n'ont pas vraiment manifesté de «volonté politique propre» mais ont plutôt «réagi à la pression externe de certaines ambassades et des bailleurs de fonds».
Selon les observateurs, l'importante mobilisation, en 2014, de nombreuses organisations de défense des droits semble être également à l'origine de la dépénalisation de l'avortement, incluse dans le nouveau code pénal.
Il reste que le Mozambique, pays lusophone d'Afrique australe entouré de pays anglophones, envoie un signal de tolérance à ses voisins.
A la Zambie, où la sodomie est passible de quatorze ans de prison ; à Robert Mugabe, le président du Zimbabwe, réputé pour sa croisade anti-homosexuels qu'il a récemment qualifiés d'êtres «pires que les porcs et les chiens» ; et même à l'Afrique du Sud où, malgré l'adoption du mariage pour tous dès 2006, la discrimination et les agressions envers les homosexuels restent vives.
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