"A bas la France", "Vive Poutine et la Russie" : ces slogans qui se multiplient dans les pays du Sahel
Après le Mali et le Burkina Faso, des manifestations ont eu lieu au Niger pour dénoncer la présence militaire française.
Plusieurs centaines de personnes ont manifesté pacifiquement le 18 septembre 2022 dans les rues de la capitale nigérienne Niamey et dans une autre ville du pays pour protester notamment contre la force française Barkhane qui combat les jihadistes dans le Sahel. C’est la première mobilisation du genre dans le pays qui abrite plusieurs bases militaires françaises.
Qui est derrière la mobilisation au Niger ?
Les deux manifestations à Niamey et dans la ville de Dosso (sud-ouest) ont été organisées à l'appel d’un mouvement nommé "M62" regroupant plusieurs organisations de la société civile. Il a été lancé en août dernier sous le thème de la "sauvegarde de souveraineté et la dignité du peuple". Au programme : des revendications sociales mais aussi une opposition à la présence française au Niger. Dans un discours prononcé lors du rassemblement, le dirigeant du mouvement, Abdoulaye Seydou, a appelé au départ de la force Barkhane l’accusant de déstabiliser le Sahel. Il s’aligne clairement sur la position de la junte au pouvoir au Mali.
L’indifférence des autorités face aux actes terroristes de Barkhane au Mali et l’accueil dans des conditions illégales, en violation flagrante de la loi fondamentale de cette force maléfique sur notre territoire Niger (…), prouvent à suffisance la complicité de nos autorités et leur soumission aux diktats de la France.
Abdoulaye Seydou, coordonnateur du mouvement "M62"
Un air de déjà-vu
Les rassemblements au Niger ont été ponctués de slogans anti-français et pro-russes : "Barkhane dehors", "A bas la (France)", "Vive Poutine et la Russie"… Ces cris qui ont résonné dans la rue au Niger ont déjà été entendus dans d’autres pays du Sahel. Au Mali d’abord, avec les premières manifestations anti-françaises dès 2013. Bien plus tard, d'autres ont suivi. Elles étaient pour la plupart orchestrées par des mouvements pro-russes comme Yerewolo dirigé par Adama Diarra, rapporte la BBC.
Il y a eu également des tentatives de mobilisation en août dernier au Burkina Faso à l'appel d’un mouvement dénommé M30 Naaba Wobgo, conduit par Yéli Monique Kam (lien payant) et qui accusait la France d’être le "parrain du terrorisme" dans la zone sahélienne. Le pays avait néanmoins déjà connu des manifestations de ce genre.
Instrumentalisation
Le sentiment anti-français qui se répand au Sahel n'est pas du fait de la Russie, mais il est exploité et instrumentalisé par Moscou qui multiplie les manœuvres depuis des années pour accroître son influence en Afrique. Le contexte lui est favorable : au Niger comme au Burkina Faso et au Mali, les populations sont excédées par les violences qui secouent leur pays et ne comprennent pas pourquoi la France, avec sa puissance militaire, n'est pas capable d'enrayer le terrorisme.
Depuis le retrait total du Mali, quelque 3 000 militaires français sont toujours déployés dans le Sahel, notamment au Niger qui abrite depuis des années de nombreuses bases militaires étrangères, américaine notamment, qui ont pour mission de combattre les jihadistes au Sahel.
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