Coup d'État au Niger : pour mettre la pression sur les putschistes, le Nigeria n'approvisionne plus son voisin en électricité
À Niamey, dans le quartier Toumo, les Nigériens ont expérimenté la sanction avant de l’apprendre officiellement. Les coupures d’électricité se sont succédé dans l'après-midi, mercredi 2 août. Le Nigeria a coupé son approvisionnement en électricité au Niger. C'est une nouvelle étape dans les tensions entre le Niger et les pays de la Cédéao, la communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest. Cette décision intervient dans le cadre des sanctions décidées par la Cédéao dimanche 30 juillet, quatre jours après le coup d'État.
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Le quartier Toumo vrombissait, mercredi 2 août, du roulement sourd des générateurs électriques. Dans les immeubles huppés, ces grosses machines dégageaient une fumée blanche, près des petites échoppes, les petits modèles ressemblent à des moteurs de tondeuses. Le Nigeria a décidé de couper son approvisionnement en électricité vers le Niger, c'est un moyen de pression sur les militaires putschistes qui tiennent le pays depuis le 26 juillet, depuis qu'ils ont renversé le président élu Mohamed Bazoum. Dimanche 30 juillet, tous les pays de la Cédéao, dont le Nigeria qui préside cette organisation, ont acté des sanctions contre le Niger.
En plus d'un ultimatum d'une semaine pour rétablir l'ordre constitutionnel et la suspension des transactions financières avec le Niger, la Cédéao a donc décrété le gel de "toutes les transactions de service, incluant les transactions énergétiques". Lors d'une réunion des chefs d'état-major ouest-africains à Abuja, au Nigeria, mercredi 2 août, l'un des responsables de la Cédéao a indiqué que "l'option militaire" était "la toute dernière option sur la table, le dernier recours" mais qu'il fallait se "préparer à cette éventualité".
Le Niger, très dépendant de l'électricité nigériane
Si les Nigériens paraissaient peu inquiets dans les rues de Niamey face à ces coupures d'électricité, les conséquences risquent pourtant d’être lourdes pour le pays qui dépend à 70 % de l’électricité de son voisin nigérian. Le Niger achète cette électricité à la société nigériane Mainstream, une énergie produite par le barrage de Kainji, dans l'ouest du Nigeria.
Le Niger, dont de nombreux quartiers de la ville de Niamey, souffre déjà de coupures d'électricité fréquentes. Selon l'Agence française de développement, fin 2022, moins de 20 % de la population nigérienne avait accès à l'électricité. Les coupures freinent considérablement l'activité économique du pays et ses efforts d’industrialisation. La moitié de ses habitants vit avec 2,15 dollars par jour, soit le seuil de pauvreté. Le Niger traverse des crises alimentaires récurrentes et le pays affiche l'un des pires indices de développement humain au monde.
Le pays tente de s’affranchir de cette dépendance à l'électricité nigériane, en misant sur l’énergie solaire mais surtout, en construisant son propre barrage, son tout premier. Malgré tout, le barrage Kandadji, sur le fleuve Niger, ne sera pas opérationnel avant 2025. À près de 180 kilomètres en amont de Niamey, il doit générer annuellement 629 GWh.
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