Boko Haram : des enfants pris en otages transformés en bombes humaines
Qu’ils appuient eux-mêmes sur le détonateur ou qu’on les fasse exploser à distance, les enfants sont de plus en plus nombreux à être impliqués dans des attaques-suicides dans la région du lac Tchad. 44 enfants ont péri en 2015. Plus de 75% d’entre eux sont des filles, précise un rapport de l’Unicef, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance.
«Soyons clairs : ces enfants sont les victimes, et non pas les auteurs. Tromper les enfants et les forcer à commettre des actes mortels a été l’un des aspects les plus horribles de la violence au Nigéria et dans les pays voisins», affirme Manuel Fontaine, directeur régional de l’Unicef pour l’Afrique de l’ouest et centrale.
Des enfants-kamikazes âgés d'à peine 8 ans
Ils sont souvent très jeunes, rapporte l’Unicef. Parfois à peine 8 ans. Ils sont embrigadés ou agissent sous la pression.
Il y a ceux qui, comme les filles de Chibok, ont été enlevés et dont on a pas de nouvelles depuis deux ans. Il y a aussi ces innombrables enfants séparés de leurs parents après les attaques de leurs villages qui se retrouvent livrés à eux-mêmes. Plus d’un million d’enfants ont ainsi été déplacés par le conflit.
«Ce sont des proies faciles pour les recrutements, tant ils sont vulnérables…Mosquées, marchés bondés, restaurants, Boko Haram utilise une technique très vicieuse pour aller frapper au cœur de la communauté et faire le plus mal possible. Qui va se méfier d’un enfant ? C’est le visage de la pureté, explique Laurent Duvillier, chargé de communication régionale pour l’Unicef.
Enlevés de force dans les sites de déplacés
Les témoignages abondent dans les sites de déplacés au Niger, à la frontière avec le Nigéria. Aucun des rescapés n’ignore que Boko Haram happe les enfants, écrit le journal Libération qui a recueilli des témoignages de villageois.
«Nos enfants partaient au compte-gouttes, comme ça, semaine après semaine. On a commencé à comprendre qu’on risquait de les perdre tous. Mieux valait quitter la localité et sauver ceux qui restent» raconte à Libération , Biri Kassoum Moustapha, directeur d’une école à la frontière entre le Niger et le Nigéria.
Longtemps concentrés au Nigéria, les attentats-suicides se sont progressivement étendus aux pays voisins et notamment au Cameroun qui a enregistré depuis deux ans 21 attentats-suicides impliquant des enfants. Le Nigéria a connu 17 attaques, le Tchad a été visé à deux reprises durant la même période.
Ce nouveau mode opératoire de Boko Haram a poussé certains pays voisins du Nigéria, le Tchad et le Cameroun notamment, à interdire le port de la burqa. Pour éviter que des jeunes filles portant des habits longs recouvrant tout le corps, ne puissent facilement dissimuler une bombe.
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