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Otages au Niger : comment ils ont vécu leur détention

Ces trois années de captivité et d'isolement entre les mains d'Al-Qaïda au Maghreb islamique ont visiblement laissé des traces.

Article rédigé par franceinfo
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Marc Feret (à gauche) et Pierre Legrand sur le tarmac de l'aéroport militaire de Villacoublay (Yvelines), le 30 octobre 2013. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

Ils sont restés silencieux sur le tarmac de l'aéroport militaire de Villacoublay (Yvelines), mercredi 31 octobre. Et même quand François Hollande a laissé le micro aux quatre ex-otages au Niger, pour s'adresser à la presse et répondre à quelques questions, ils ont préféré refuser. "Ils étaient choqués psychologiquement", a confié au Parisien un témoin de la scène. Ces trois années de captivité et d'isolement entre les mains d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ont visiblement laissé des traces. Francetv info revient sur ce que l'on sait de leurs conditions de détention.

Au menu, des lamelles de dromadaire et du thé

S'ils n'ont pas subi de maltraitance physique manifeste de la part de leurs ravisseurs, leur vie au quotidien était pénible. Selon Le Parisien, ils n'avaient à boire que du thé. Leur nourriture était principalement composée de pâtes et, parfois, de viande de dromadaire. Découpée en lamelles, la viande était mise à sécher sous le soleil du désert. Elle était cuite après 24 heures.

Des informations confirmées par Marion Larribe, la fille d'un des otages, dans une interview au Midi Libre : "Ils ont vécu en extérieur, dans des camps de cailloux, dans le désert, sauf ces derniers temps où ils étaient dans des grottes. Avec d'énormes chaleurs dans la journée, nourris aux pâtes matin, midi et soir. Ils avaient juste le droit de faire leur propre feu et leur propre thé, avec du sucre". Elle raconte que son père a tenu le coup en faisant des recherches botaniques et des observations géologiques, mais ces notes "ont malheureusement été détruites pendant les bombardements".

Ils n'ont eu que très peu d'informations sur ce qui se passait dans le reste du monde. De temps en temps, note Le Parisien, leurs ravisseurs les ont autorisés à écouter la radio RFI, mais toujours sous contrôle.

Une tentative d'évasion

Certains des otages d'Arlit ont tenté de s'évader pendant leur détention. Au cours de leur détention dans le nord-ouest du Mali, les quatre hommes ont été divisés en deux groupes de deux. C'est là que Thierry Dol, 31 ans, et Daniel Larribe, 62 ans, ont réussi à échapper à leurs ravisseurs.

Une cavale qu'a raconté Daniel Larribe à sa fille "avec beaucoup d'humour""Avec Thierry (Dol), ils avaient tout préparé à l'avance, en stockant de la nourriture, et en remplissant leurs poches avec ce qui était le plus énergétique. La veille, ils ont fait une fausse piste, en marchant pour laisser leurs empreintes vers un ruisseau à sec, et puis le lendemain, ils ont entouré leurs chaussures avec des chaussettes, pour limiter leurs traces, et ils sont partis dans une autre direction, avec 14 litres d'eau".

Ils ont alors marché pendant 48 heures, jusqu'à ce qu'ils croisent un autre groupe de Touareg. Ce sont eux qui les ont dénoncés. "Quand ils ont été repris, ils ont été mis au régime sec, les quelques faveurs qu'ils avaient obtenues leur ont été supprimées".

Une vallée d'avance sur les troupes françaises

Régulièrement déplacés dans le désert, les quatre otages ont fini par perdre la notion du temps et ont appris à se repérer grâce à la position du soleil. Lors de l'intervention de l'armée française au Mali, en janvier 2013, ils étaient dans l'Adrar des Ifoghas, un massif montagneux situé au nord du pays. L'opération Serval a obligé leurs ravisseurs à les déplacer plus fréquemment, "d'une cache enterrée à une grotte". Ils ont également appris, quasiment en direct, la mort du leader d'Aqmi, Abou Zeid, alors qu'il a fallu des mois à la France pour la confirmer.

A plusieurs reprises, les forces françaises se sont rapprochées de leur position. Ils ont notamment entendu le bruit des hélicoptères et des drones survolant la zone où ils étaient cachés. Mais selon Le Parisien, qui cite les ex-otages, ils auraient eu une "vallée d'avance" sur la progression des soldats français.

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