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Afrique du Sud: l'ex-épouse de Zuma, femme de pouvoir et atout pour Ramaphosa

Nkosazana Dlamini Zuma, 69 ans, a été nommée ministre de la Planification par le nouveau président sud-africain Cyril Ramaphosa, son rival et vainqueur, en décembre 2017, de la course à la présidence du Congrès national africain (ANC). L'ancienne épouse de Jacob Zuma revient au gouvernement au nom de la nécessaire union du parti présidentiel en vue des élections générales de 2019.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min

Nkosazana Dlamini Zuma fait partie des figures politiques de la Nation arc-en-ciel, mais elle reste surtout aux yeux de tous l'ex-femme de Jacob Zuma. En la nommant ministre de la Planification, le nouveau président Ramaphosa est fidèle à l'objectif qu'il s'est fixé: «Allier le besoin de continuité et de stabilité avec celui de renouveau» en conservant dans l'exécutif sud-africain des proches de son prédécesseur.

Perd la présidence de l'ANC 
En soutenant son ex-épouse, Jacob Zuma, alors chef de l'Etat mais empétré dans une série de scandales de corruption, en avait fait l'une des favorites pour prendre la tête de l'ANC. Puis, dans un second temps, pour prendre les rênes du pays lors des élections générales de 2019. Mais Mme Nkosazana Dlamini Zuma a perdu d'une courte tête face à l'ancien vice-président Cyril Ramaphosa.

Connue pour son franc-parler et très populaire au sein de l'ANC, la candidate avait pourtant mené une campagne assidue auprès des militants du parti. Elle a mis en avant son expérience de dirigeante de la commission de l'Union africaine, fonction qu'elle a occupée de 2012 à 2017. Elle se présentait alors «comme celle qui a dirigé le continent et qui est au-dessus de la politique», a résumé Liesl Louw-Vaudran de l'Institut pour les études sur la sécurité, au moment du congrès du parti à Johannesburg, à la mi-décembre 2017. 

Défend la cause des femmes
Mais son passage à la tête de l'organisation panafricaine n'a pas laissé pas que des bons souvenirs. A Addis Abeba, sa garde rapprochée était surnommée la «mafia sud-africaine». Très attendue sur des sujets comme la sécurité, les droits de l'Homme, les élections, en tant que dirigeante de l'UA, elle a fait «très peu de gestes», a souligné M.Louw-Vaudran. Ce dernier lui reconnaît, en revanche, avoir défendu la cause des femmes et lutté contre le mariage des enfants. 

Après cinq années passées à la tête de l'UA, elle a réintégré en septembre 2017 la vie politique sud-africaine comme députée. «Il y a cinq ans, je quittais le Parlement avec des sentiments partagés. Aujourd'hui, je reviens à la demande de @MYANC (ANC) pour servir le peuple sud-africain», avait-elle annoncé sur son compte Twitter. 


Son retour au Parlement «semble être une décision bien orchestrée pour étayer sa campagne», avait réagi le principal parti d'opposition, l'Alliance démocratique (DA). Alors qu'elle n'avait pas encore officiellement annoncé sa candidature à la tête de l'ANC, qui dirige l'Afrique du Sud depuis la fin officielle du régime de l'apartheid en 1994, elle avait déjà le soutien de la puissante Ligue des femmes, de la Ligue de la jeunesse du parti et surtout de Jacob Zuma, avec qui elle continue à entretenir de bonnes relations malgré leur divorce en 1998.

Adversaire du «monopole blanc»
Dans son slogan de campagne, «La transformation radicale de l'économie, maintenant ou jamais», l'ex-épouse de Zuma se présente comme une adversaire du «monopole blanc», face à son rival Cyril Ramaphosa, ancien syndicaliste reconverti en richissime homme d'affaires aujourd'hui président du pays. Adepte de tenues aux imprimés africains, elle défend des positions «anti-occidentales», selon M.Louw-Vaudran.
 
Née en 1949 dans la province sud-africaine de KwaZulu-Natal (est), Mme Dlamini Zuma se lance dans les études, poussée par son père, fait rare dans la culture zouloue. Elle rejoint les rangs de l'ANC, fer de lance de la luttre contre l'apartheid, puis s'exile en 1976, au Royaume-Uni où elle devient pédiatre. Avant son retour en Afrique du Sud en 1990 – l'année où Mandela est libéré après 27 ans de prison –, elle devient, au Swaziland, la 4e épouse de Jacob Zuma, ancien président polygame avec lequel elle aura quatre enfants.

Peut-elle protéger Jacob Zuma?
Entre 1994 à 2012, elle est ministre en Afrique du Sud à plusieurs reprises: Affaires étrangères, Intérieur et Santé. Avec ce dernier portefeuille qui lui est confié par Nelson Mandela, elle doit réinventer un système jusqu’alors fondé sur la discrimination raciale.

Aujourd'hui, le retour au gouvernement de cette femme de pouvoir lui permettra-il de protéger l'ancien président? «Sa grande faiblesse vis-à-vis de Zuma, c'est leur quatre enfants», considère Carien du Plessis, auteur de sa biographie.

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