Algérie : le général Gaïd Salah hausse le ton et s’attire les foudres des internautes
Il a rejeté "catégoriquement" les conditions posées par l’Instance nationale du dialogue telles que la libération des prisonniers d’opinion et l’atténuation du dispositif de sécurité dans le pays. Il s’est attiré une volée de bois vert sur Twitter.
"Il n’est plus question de perdre davantage de temps", a prévenu vertement le général Ahmed Gaïd Salah dans un discours en l’honneur des cadets de la nation, retransmis à la télévision le 30 juillet 2019. Rejetant "catégoriquement" les conditions posées par l’Instance nationale du dialogue mise sur pied pour sortir le pays de la crise, le chef d’état-major algérien, homme fort du pays depuis la chute du président Bouteflika, exige désormais la tenue d’une élection présidentielle dans les plus brefs délais.
Le chef d'état-major dénonce "des diktats illégaux"
Dans son discours, il a comparé les préalables définis par l’Instance du dialogue, tels que la libération des personnes arrêtées en lien avec la contestation et l’allègement du dispositif policier lors des manifestations, à "des diktats illégaux". Concernant la libération des personnes arrêtées qualifiées, à tort selon lui, de détenus d’opinion, "seule la justice est souveraine", a-t-il dit et "il n’est permis à quiconque d’interférer dans son travail".
Quant à l’appel à diminuer le dispositif policier, il l’a jugé "suspect", étant donné qu’il s’agit de mesures préventives "prises dans l’intérêt du peuple et non le contraire", a-t-il affirmé. "Les institutions de l'Etat sont une ligne rouge, qui n'admet ni tractation, ni préalable ou encore des diktats illégaux", a-t-il également averti, en réponse aux institutions de transition réclamées par les manifestants pour organiser la présidentielle.
Une première défection dans l'Instance du dialogue
Quelques heures après son discours, le panel des sept personnalités désignées pour le dialogue connaissait sa première défection. "En l'absence d'une réponse positive aux revendications populaires relatives aux mesures d'apaisement nécessaires pour la réussite du processus de dialogue (...) j'ai décidé de démissionner", a écrit l’économiste Smaïl Lalmas sur sa page facebook.
Il n’est pas le seul à avoir réagi ainsi. Une pluie de commentaires s’est abattue sur twitter lui rappelant que "le seul préalable" était son propre retrait, comme l’a écrit Mohcine Belabbas sur son fil.
En réalité, les algériens ont compris que désormais le seul préalable au dénouement est le retrait de Gaid Salah comme symbole de l’immixtion de l’armée dans le champ politique.
— Mohcine Belabbas (@mohcinebelabbas) July 30, 2019
Pour le président du RCD et député d’Alger, "Gaïd Salah n’a pas pu se retenir plus d’une semaine pour rappeler qu’il est le seul à la manœuvre".
D’autres messages de personnalités moins publiques ou anonymes vont dans le même sens. "Gaïd Salah a été le chef d'état-major de l'armée sous Bouteflika pendant 15 ans. Il fait partie du mal. Il ne peut aucunement apporter une solution", écrit celui-ci. Gaïd Salah, "les Algériens voteront en toute liberté pour le candidat que j'aurai choisi pour eux", ironise cet autre. Un autre encore renvoie la balle dans le camp du pouvoir : "On sait tous que c'est Gaïd Salah qui gouverne donc c'est lui qui bloque le dialogue".
Les caricatures ne sont pas non plus absentes comme celle publiée par le site Observ’Algérie.
#Algérie : Nouveau discours de Gaïd Salah (Caricature)#GaidSalah #algerie_manifestation #Hirak https://t.co/0BKpCM14VI
— Observ'Algérie (@ObservAlgerie) July 31, 2019
L'Instance du dialogue emmenée par Karim Younès, ancien président de l’Assemblée et ancien ministre sous Bouteflika, maintient pour sa part les préalables.
Il n’est pas question de "tergiverser sur les questions de principe, de dignité et de fidélité à la parole donnée aux Algériens. C’est la quintessence de notre démarche au sein du panel", a-t-il dit, annonçant une réunion du panel le 1er août pour "décider des démarches à venir".
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