Cet article date de plus de six ans.
Algérie: les autorités font état de «profondes divergences» avec la Turquie
L’Algérie a décidé de refuser la suppression des visas avec la Turquie, comme le demandait instamment le président Erdogan. Selon le site Jeune indépendant en ligne qui a révélé l’information, Alger explique sa décision par l’existence de «profondes divergences» avec Ankara sur les dossiers sécuritaires et les conflits en cours dans la région d’Afrique du Nord.
Publié
Temps de lecture : 4min
Même si les relations économiques et culturelles entre Alger et Ankara «sont excellentes», cela n’a pas empêché les autorités algériennes de refuser la suppression des visas entre les deux pays, malgré la demande insistante de Recep Tayyip Erdogan.
Faciliter le travail des hommes d'affaires et améliorer les échanges commerciaux
Dès 2013, Ankara avait fait part de son souhait d’exempter, sur la base du principe de réciprocité, les ressortissants algériens du visa d’entrée sur son territoire. Une demande renouvelée lors de la visite du président turc à Alger le 27 février 2018.
«Nous voyons l’Algérie comme un îlot de stabilité politique et économique dans la région», avait déclaré Erdogan au quotidien algérien Echorouk, appelant Alger à «faciliter» le travail des hommes d’affaires turcs sur place pour améliorer les échanges commerciaux.
La réponse est arrivée le 18 mars 2018 par la bouche d’un diplomate de haut rang qui confiait au site du Jeune indépendant: «La suppression des visas avec la Turquie ne peut être envisagée actuellement en raison de profondes divergences entre les deux pays sur les dossiers sécuritaires et sur les conflits en cours dans la région d’Afrique du Nord.»
«Nous ne pouvons accepter de courir le risque de supprimer les visas lorsqu’on sait que la Turquie est malheureusement un territoire de transit des djihadistes vers la Syrie, l’Irak, et aujourd’hui vers la Libye», a encore précisé ce diplomate.
La suppression des visas, une porte ouverte aux djihadistes entraînés et soutenus par Ankara
Selon lui, la suppression des visas pourrait être préjudiciable à l’Algérie qui fait face à la menace du terrorisme à ses frontières, notamment avec la Libye «qui attire de nombreux terroristes ou mercenaires de plusieurs nationalités».
Alger craint en effet un important flux de djihadistes de Daech en Afrique du Nord après leur débâcle en Irak et en Syrie. Les autorités s’inquiètent que des terroristes ou recruteurs, munis de passeports turcs, puissent passer par les aéroports du pays ou s’infiltrer en Algérie.
Soulignant que les deux pays divergent sur la définition même du terrorisme, la source diplomatique a tenu à rappeler qu’il était reproché à la Turquie, pays membre de l’Otan, de ne pas être méticuleuse dans l’application du traitement des données des dossiers passagers.
De nombreux pays, dont l’Union européenne, ont accusé Ankara d’avoir facilité le passage de terroristes d’Europe et d’Amérique du Nord vers la Syrie et d’avoir participé à l’entraînement de nombreux djihadistes.
Pas de suppression tant que dureront la crise libyenne et l'insécurité aux frontières algériennes
Alger n’apprécie pas non plus le soutien direct de la Turquie aux groupes armés de Misrata en Libye. Un sabotage du plan de l'ONU révélé et condamné le 13 février 2018 par le troisième congrès des parlements arabes au Caire.
Même si la Turquie demeure une destination privilégiée pour les touristes algériens, «aussi longtemps que durera la crise en Libye, ainsi que l’insécurité aux frontières de l’Algérie, la question de la suppression des visas entre Alger et Ankara est renvoyée aux calendes grecques», a tranché le diplomate.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.