Cet article date de plus de sept ans.
Burundi: une ONG saisit la CPI après «de nombreux cas de disparitions forcées»
Le Burundi traverse une grave crise depuis la candidature du président Nkurunziza à un 3e mandat, en avril 2015, suivie de son élection. Le bilan des violences s'élève à 500 morts, 2.000 victimes et des centaines de disparitions. Une ONG burundaise a saisi la CPI, le 30 août 2017, afin qu'elle engage des poursuites contre leur auteurs. Dans le collimateur: la milice Imbonerakure.
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La Cour pénale internationale a jusqu'au 27 octobre 2017 pour ouvrir une enquête sur «de nombreux cas de disparitions forcées» au Burundi. L'ONG Forum pour la conscience et le développement (Focode) en a fait la demande, le 30 août 2017, appelant la Cour pénale internationale (CPI) à engager des poursuites contre les auteurs «quelle que soit leur position dans les institutions de l'Etat».
Ces disparitions, qui se produisent depuis le début de la crise en avril 2015, concernent entre 800 et 1.200 personnes, précisent de leur côté la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme et une ONG locale, la ligue Iteka.
La fuite des Burundais continue
Bien que le président Nkurunziza insiste pour que «ses frères et sœurs« rentrent au Burundi «en paix aujourd'hui», un rapport d'Initiative internationale pour les droits des réfugiés (Irri) montre que le nombre de nouveaux arrivants dans les pays voisins (Ouganda, Tanzanie, Rwanda et Somalie) dépasse de loin celui des Burundais qui rentrent chez eux. Le Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR) établit à 275.000 ceux qui ont fui en Tanzanie tandis que 86.000 Burundais se sont réfugiés au Rwanda et près de 150 personnes y arrivent chaque semaine.
Par peur des sévices infligés par la ligue des jeunes du parti au pouvoir, Imbonerakure (Ceux qui voient loin en Kirundi), un groupe qualifié de «milice» par l'ONU.
«Les réfugiés ont raconté d'horribles histoires de viols, de torture et de tueries de la part des Imbonerakure et des forces de sécurité burundaises, ciblant les membres de l'opposition, mais aussi de simples citoyens», explique Thijs Van Laer, responsable à l'Irri. «Si les autorités burundaises souhaitent sérieusement encourager le retour des exilés, elles doivent contrôler les Imbonerakure», affirme-t-il.
Alors que l'ONU a récemment mis en garde Bujumbura contre un risque de génocide, quelque 400.000 personnes ont déjà fui le pays et continuent à le faire par peur des exactions commises par la milice Imbonerakure. Cette dernière est accusée par les ONG locales, internationales et l'ONU d'être responsable aux côtés de la police, des services secrets et de l'armée, de graves violations des droits de l'homme, dont de nombreux cas de viols. La FIDH a d'ailleurs dénoncé dans son nouveau rapport «la milirarisation de ce groupe».
Démonstration de force des Imbonerakure
En juillet 2017, pour la première fois à Bujumbura, entre 5.000 et 10.000 Imbonerakure ont manifesté, sous bonne escorte policière, au rythme de chansons à la gloire du président diffusées par des haut-parleurs installés sur des camionettes. Ces rassemblements sont fréquents en dehors de la capitale.
Dans le camp opposé, la rébellion des Forces républicaines du Burundi (Forebu) s'appelle désormais les Forces populaires du Burundi (FPB) avec à sa tête le général Jérémie Niranyibagira, ancien officier de l'armée burundaise. Ce dernier, comme d'autres militaires ou policiers, ont déserté les corps de défense de ce pays de la région des Grands Lacs.
La rébellion des FPB
Le Forebu avait été créé après le début de la crise provoquée par la candidature fin avril 2015 du président Pierre Nkurunziza à un 3e mandat que l'opposition, la société civile et une partie de son camp ont jugé contraire à la Constitution et à l'Accord d'Arusha qui avait mis fin à la guerre civile.
Avec entre 300 et 500 combattants dans ses effectifs, basés dans le Sud-Kivu, dans l'est de la RDC, les FPB sont désormais le groupe rebelle burundais le plus important en nombre.
Le Focode a lancé son Initiative Ndondeza («Aide-moi à retrouver le mien») en kirundi, la langue nationale) en avril 2016 et mené ses propres enquêtes avec l'aide «de policiers, d'administratifs qui ont témoigné, au péril de leur vie», a souligné son secrétaire exécutif, Gordien Niyungeko. L'ONG a ainsi «été alertée par la famille ou des amis des victimes sur 150 cas» et a «enquêté sur 40 de ces cas».
Ces disparitions, qui se produisent depuis le début de la crise en avril 2015, concernent entre 800 et 1.200 personnes, précisent de leur côté la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme et une ONG locale, la ligue Iteka.
#Burundi Il était une fois de la désinformation publique sur @F24Afrique de la part du régime Nkurunziza https://t.co/Cp4KDzmwiw
— Clément Boursin (@ClementBoursin) August 31, 2017
La fuite des Burundais continue
Bien que le président Nkurunziza insiste pour que «ses frères et sœurs« rentrent au Burundi «en paix aujourd'hui», un rapport d'Initiative internationale pour les droits des réfugiés (Irri) montre que le nombre de nouveaux arrivants dans les pays voisins (Ouganda, Tanzanie, Rwanda et Somalie) dépasse de loin celui des Burundais qui rentrent chez eux. Le Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR) établit à 275.000 ceux qui ont fui en Tanzanie tandis que 86.000 Burundais se sont réfugiés au Rwanda et près de 150 personnes y arrivent chaque semaine.
Par peur des sévices infligés par la ligue des jeunes du parti au pouvoir, Imbonerakure (Ceux qui voient loin en Kirundi), un groupe qualifié de «milice» par l'ONU.
«Les réfugiés ont raconté d'horribles histoires de viols, de torture et de tueries de la part des Imbonerakure et des forces de sécurité burundaises, ciblant les membres de l'opposition, mais aussi de simples citoyens», explique Thijs Van Laer, responsable à l'Irri. «Si les autorités burundaises souhaitent sérieusement encourager le retour des exilés, elles doivent contrôler les Imbonerakure», affirme-t-il.
Alors que l'ONU a récemment mis en garde Bujumbura contre un risque de génocide, quelque 400.000 personnes ont déjà fui le pays et continuent à le faire par peur des exactions commises par la milice Imbonerakure. Cette dernière est accusée par les ONG locales, internationales et l'ONU d'être responsable aux côtés de la police, des services secrets et de l'armée, de graves violations des droits de l'homme, dont de nombreux cas de viols. La FIDH a d'ailleurs dénoncé dans son nouveau rapport «la milirarisation de ce groupe».
Démonstration de force des Imbonerakure
En juillet 2017, pour la première fois à Bujumbura, entre 5.000 et 10.000 Imbonerakure ont manifesté, sous bonne escorte policière, au rythme de chansons à la gloire du président diffusées par des haut-parleurs installés sur des camionettes. Ces rassemblements sont fréquents en dehors de la capitale.
Dans le camp opposé, la rébellion des Forces républicaines du Burundi (Forebu) s'appelle désormais les Forces populaires du Burundi (FPB) avec à sa tête le général Jérémie Niranyibagira, ancien officier de l'armée burundaise. Ce dernier, comme d'autres militaires ou policiers, ont déserté les corps de défense de ce pays de la région des Grands Lacs.
La rébellion des FPB
Le Forebu avait été créé après le début de la crise provoquée par la candidature fin avril 2015 du président Pierre Nkurunziza à un 3e mandat que l'opposition, la société civile et une partie de son camp ont jugé contraire à la Constitution et à l'Accord d'Arusha qui avait mis fin à la guerre civile.
Avec entre 300 et 500 combattants dans ses effectifs, basés dans le Sud-Kivu, dans l'est de la RDC, les FPB sont désormais le groupe rebelle burundais le plus important en nombre.
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