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Cameroun: «Le moment de la rupture est arrivé», annoncent les séparatistes

Couvre-feu, fermeture des frontières territoriales et maritimes, interdiction de se déplacer dans les régions anglophones... les autorités camerounaises ont placé les régions anglophones sous haute surveillance. Il s’agit de couper l’herbe sous les pieds des séparatistes anglophones qui ont annoncé leur volonté de proclamer symboliquement leur indépendance ce dimanche 1er octobre.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Tassang Wilfried est président du syndicat des enseignants anglophones camerounais et un des acteurs majeurs de la contestation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. (Capture d'écran DR)

Les séparatistes anglophones ont choisi la date du 1er octobre parce que c’est ce jour qui marque la réunification officielle des parties anglophone et francophone du Cameroun en 1961. Une «supercherie», selon certains anglophones qui n’y ont jamais souscrit.
 
Depuis novembre 2016, les indépendantistes protestent contre «leur marginalisation», dans l’enseignement et la magistrature, notamment. Ils ont organisé des manifestations qui ont réuni des milliers de personnes dans les rues des régions anglophones. Depuis quelque temps, ils proposent sur les réseaux sociaux un hymne national de «l’Ambazonie». C’est le nom qu’ils ont choisi pour la république indépendantiste qu’ils veulent créer.
 
«Oui, le moment de rupture est arrivé»
«A force de tirer un câble, il finit par rompre.» C’est en ces termes que le président du syndicat enseignant anglophone, Wilfried Tassang, a annoncé l’imminence de la «rupture» avec la partie francophone.
 
Dans une lettre ouverte adressée à ses compatriotes francophones et reprise par plusieurs sites d’information camerounais, il reproche à ses compatriotes francophones de tirer des dividendes du «régime corrompu» qui dirige le Cameroun, et «de s’en être accommodé».
 
«Comment vivre dans un pays où vous êtes considérés comme des étrangers»?, s’interroge-t-il. «Oui le moment de rupture est arrivé», écrit le leader syndicaliste anglophone. Il parle de «révolte de l’esclave» dans les provinces du sud camerounais. 
 
Le syndicaliste Wilfried Tassang est un des acteurs majeurs de la contestation qui a cours dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du pays. Il dénonce les arrestations arbitraires et les conditions d’incarcération de ses compatriotes du Sud «enfermés pendant de longs mois, dans les bunkers souterrains sans aucun rayon de lumière».
 
Sur la carte, les provinces anglophones qui se sont révoltées contre le pouvoir central de Yaoundé. (Capature d'écran/ DR)

«Des terroristes», selon le pouvoir camerounais
Le président camerounais Paul Biya avait joué l’apaisement en décrétant, fin août, l’arrêt des poursuites judiciaires pour «terrorisme» et «rébellion» contre des leaders de la minorité anglophone. Cela n’avait pas empêché la poursuite de la révolte.
 
Des ressortissants camerounais ont même assiégé certaines représentations diplomatiques de leur pays à l’étranger. Au Canada et en Allemagne, ils ont hissé le drapeau de l’Etat «d’Ambazonie» dont ils se réclament et qui comprendrait les deux régions camerounaises du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, anciennement placées sous mandat britannique.
 
Si une minorité d’anglophones réclame la partition du pays, certains exigent le retour au fédéralisme. Deux scénarios que refuse le pouvoir camerounais. Yaoundé considère désormais les séparatistes comme des «terroristes».
 
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, appelle les autorités camerounaises «à promouvoir des mesures de réconciliation nationale» et demande aux uns et aux autres de privilégier l’unité et l’intégrité du Cameroun.

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