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Clandestins comoriens: aussitôt expulsés, ils sont renvoyés à Mayotte

Le dialogue s’est brutalement compliqué entre la France et les Comores sur la question migratoire après la décision de Moroni de ne plus accueillir ses ressortissants expulsés de Mayotte. C’est inadmissible, réagit Marine Le Pen, la dirigeante du Front national. Elle demande au gouvernement de réagir avec fermeté.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min

Alors que l’île française de Mayotte reste paralysée depuis un mois par un mouvement de contestation sociale contre l’immigration clandestine en provenance des Comores, les autorités françaises ont réagi en multipliant les expulsions. Près de 600 personnes ont été expulsées de Mayotte ces dix derniers jours.

Les bateaux chargés d’expulsés ne sont plus les bienvenus
Le bras de fer a pris une nouvelle tournure avec la décision du gouvernement comorien de ne plus accueillir les bateaux chargés d’expulsés. Depuis jeudi 22 mars 2018, ils ne sont plus autorisés à accoster à Anjouan malgré les protestations françaises. Le bateau qui ramenait une centaine d’expulsés comoriens sur l’île d’Anjouan a dû rebrousser chemin et ramener sa cargaison à Mayotte.

Pour les autorités de Moroni, les Comoriens qui partent à Mayotte se rendent dans un territoire qui leur appartient. Elles n’ont jamais accepté que cette île reste dans le giron français après l’indépendance de l’archipel proclamée en 1975.

Marine Le Pen dénonce un comportement inacceptable
Si les autorités françaises se sont contentées de demander aux Comores de revenir sur leur décision, la dirigeante du Front National, Marine Le Pen, suggère que le gouvernement instaure l’état d’urgence à Mayotte.

«Quand est-ce qu’on va finir par défendre nos propres compatriotes face à un comportement des Comores qui est inadmissible?», a-t-elle déclaré à Radio Mwezi (une radio de Mayotte). Pour elle, il faut envoyer rapidement des renforts dans l’île française.

Des propos loin d’impressionner les centaines de Comoriens clandestins ramenés de force sur l’île d’Anjouan ces dix derniers jours.

«Les expulsés sont discrètement pris en charge par les réseaux de passeurs, avant d’être redirigés vers les différents points de départ vers Mayotte pour un prochain voyage. Ceux qui peuvent payer pourront repartir», confie à l’AFP un gendarme comorien sous couvert d’anonymat.

Les expulsés préparent leur retour à Mayotte
Youssouf Salim, la quarantaine, a été renvoyé à Anjouan il y a une vingtaine de jours. C’est sa troisième expulsion de l’île de Mayotte. «J’y retournerai, mais pas tout de suite. Je me repose un peu», confie-t-il.

A ses côtés, Ibrahim Hussein compte à son palmarès une dizaine d’expulsions depuis 1991. La dernière remonte à deux semaines. «Ce qui est insupportable, ce sont les brutalités et les humiliations des forces de l’ordre françaises. Ils nous traitent comme des esclaves», dénonce-t-il.

Originaire de l’île de la Grande Comore, Youssouf Salim a une femme et trois enfants restés à Mayotte et qui ont tous la nationalité française. Il avoue déjà préparer sa prochaine tentative de retrouver sa famille. 

Chaque année, quelque 20.000 personnes sont renvoyées de Mayotte vers l'archipel comorien.

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