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Coronavirus en Afrique : l'épidémie a donné libre cours à l'automédication

Conseils prodigués par de faux médecins sur les réseaux sociaux, prise de médicaments sans ordonnance, traitements de qualité douteuse pour se mettre à l'abri du coronavirus. Des médecins africains tirent la sonnette d'alarme.

Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une photo montrant des tablettes de chloroquine, prise le 20 février 2020 à l'Institut hospitalo-universitaire Méditerranée de Marseille. (GERARD JULIEN / AFP)

Avec la propagation du coronavirus dans plusieurs pays africains, de "faux médecins" fleurissent sur les réseaux sociaux, au Cameroun notamment. Ils n'hésitent pas à proposer des recettes miracles pour vaincre le virus, en poussant les gens à prendre des risques avec leur santé. Ces "activistes" d'un nouveau genre surfent sur la vague de panique engendrée par le coronavirus, déplore Cameroon Tribune.

Des 'docteurs de Facebook' encouragent les gens à boire beaucoup d'alcool et à consommer de l'eau chaude

Cameroon-Tribune

Edition du 5 mars

Au Cameroun, la chloroquine est en rupture de stock dans "les pharmacies de la rue", ces officines où l'on peut se procurer toutes sortes de médicaments à moindre frais. Le 26 mars 2020, le site Journal du Cameroun avait rapporté une déclaration du ministre camerounais de la santé, le docteur Manaouda Malachie, confirmant l'efficacité de ce produit. Le ministre s'était toutefois gardé d'affirmer qu'il s'agissait d'une solution absolue au coronavirus et s'en remettait au verdict de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). L'annonce de nouveaux tests prometteurs sur la chloroquine a poussé les Camerounais à se ruer dans les pharmacies et les marchés informels du médicament pour se procurer le remède-miracle. Et chacun y est allé de ses petits conseils.

On m'a conseillé de prendre ce médicament à titre préventif contre le coronavirus... J'ai pris un comprimé ce soir même

Témoignage d'une Camerounaise

à la BBC

L'on comprend que les stocks de Chloroquine, pourtant interdite depuis une quinzaine d'années au Cameroun, ont été rapidemment épuisés. Les mises en garde répétées sur la qualité douteuse de la molécule en circulation dans le pays n'y ont rien fait. 

"Nous avons fait un prélèvement de cette chloroquine qui circule au Cameroun. Nous l'avons testée et constaté que le principe actif était, soit inexistant, soit en quantité insuffisante", affirme sur l'antenne de la BBC le docteur Christophe Ampo, membre du comité exécutif de l'ordre national des pharmaciens au Cameroun. Il est donc crucial que les choses soient clarifiées, plaide son collègue Eugène Sobguis de l'hôpital de Yaoundé. Il redoute surtout les effets secondaires de cette molécule consommée en automédication. "Il ne faudrait pas qu'on se retrouve avec de nombreuses populations souffrant des effets secondaires de la chloroquine, prévient-il au micro de RFI.

L'automédication pourrait s'avérer fatale

En attendant qu'un éventuel médicament contre le Covid-19 soit validé par l'OMS, des médecins africains multiplient les mises en garde dans leurs pays respectifs contre la pratique de l'automédication qui pourrait se révéler fatale.

"Il faut que les gens comprennent que même si la chloroquine s'annonce comme un espoir, il ne faut pas faire n'importe quoi. Chacun ne devrait pas la prendre chez lui à la maison", rappelle le docteur togolais Innocent Kpéto, président du Conseil de l'ordre national des pharmaciens du Togo. Interrogé par la radio allemande Deutsche Welle, il rappelle que le traitement ambulatoire n'est pas préconisé dans le cadre du coronavirus.

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