Cet article date de plus de six ans.

Côte d’Ivoire : le FPI rêve de reconquête du pouvoir avec Simone Gbagbo

Les choses se sont accélérées après l’annonce de son amnistie par le président Alassane Ouattara. Simone Gbagbo, l’ex-première dame de Côte d’Ivoire a retrouvé ses proches et ses supporters le 8 août 2018 à sa résidence d’Abidjan. Une nouvelle page est tournée, leur a-t-elle lancé. Son parti rêve désormais de reconquérir le pouvoir.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le retour triompal de Simone Gbagbo à son domicile d'Abidjan. L'ex-première dame a été libérée le 8 août 2018 après 7 ans de prison. (Photo AFP/Issouf Sanogo)

La foule a chanté et dansé pendant de longues heures pour lui souhaiter la bienvenue. Les forces de l’ordre ont eu du mal à lui frayer un chemin pour accéder à la maison familiale.

Simone Gbagbo est restée très populaire auprès de ses partisans du Front populaire ivoirien. C’est en femme politique qu’elle leur a adressé ses tout premiers mots après avoir longuement remercié Dieu.

«L’ancienne page est tournée… Militants et militantes, levez-vous pour une nouvelle page. On est partis», a-t-elle martelé sous les ovations de la foule.

«La libération de Simone Gbagbo va remobiliser les bases du parti»
La libération de Simone Gbagbo après sept ans de prison a donné des ailes au Front populaire ivoirien, l’ancien parti au pouvoir. Pour certains commentateurs, sa libération pourrait modifier profondément le jeu politique ivoirien, à deux ans de l’élection présidentielle de 2020.

«La sortie de Simone Gbagbo va remobiliser davantage les bases qui commençaient à s’essouffler. Les grands bénéficiaires sont évidemment les radicaux de la branche Gbagbo du Front populaire ivoirien», estime le journaliste et analyste politique ivoirien André Silver Konan dans les colonnes de l’Observateur Paalga. Pour lui, son retour sur la scène politique va refreiner bien des alliances hypothétiques.

Le Front populaire ivoirien a annoncé son intention de reconquérir le pouvoir en 2020,  titre le site Abidjan.net qui rend compte de l’accueil réservé à Simone Gbagbo et aux autres responsables du parti.

«Le FPI sort de la prison aujourd’hui. Il entreprendra sa marche avant de retrouver son siège au palais », a lancé Lida Kouassi, l’ancien ministre de la Défense de Laurent Gbagbo, fraîchement sorti de prison et désigné comme porte-parole des ex-détenus.

Lida Kouassi a rassuré que loin de les avoir brisés, la prison a été pour lui et ses camarades, «un moment d’incubation».

Même son de cloche pour Aboudramane Sangaré, considéré comme le gardien du temple et fidèle parmi les fidèles de l’ancien président Laurent Gbagbo. Lui n’a pas connu la prison comme ses camarades après la crise post-électorale de 2011. Il a, lui aussi, annoncé l’intention du FPI de reconquérir le pouvoir.

«Cette libération prépare et annonce l’arrivée de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire… On vous attend. On a besoin de vous pour faire avancer le FPI. Un pas a été franchi… Nous aurons raison de tous les obstacles», a-t-il martelé.

Un parti profondément divisé
Le ton martial des responsables du FPI ne rassure pas totalement certains militants qui rappellent les profondes divisions minant le parti de Laurent Gbagbo depuis sa chute et son incarcération à La Haye.

«Simone Gbagbo n’a même pas eu un mot de remerciement pour Affi N’Guessan (qui dirige la partie légale du FPI), alors qu’en toute honnêteté, ce monsieur a aussi œuvré pour sa libération, et même pour tous les prisonniers pro-Gbagbo. Cette attitude démontre son ingratitude et enfonce davantage le FPI dans sa division actuelle», regrette un internaute ivoirien.

Un autre internaute souhaite vivement que les deux tendances FPI se mettent ensemble et fassent la paix pour aller plus loin.

«Je me pose la question de savoir comment ça sera possible de reprendre le pouvoir en 2020, si vos militants ne sont pas sur la liste électorale. Il faudra plutôt songer à 2025, vu que vous êtes tombé dans le piège du boycott», écrit-il.

Devant la résidence de Simone Gbagbo à Abidjan, des supporters en liesse brandissent son portrait le 8 août en attendant son retour. (Photo AFP/Issoufou Sanogo)

Vers une recomposition politique et de nouvelles alliances
Une chose est sûre, à deux ans de l’élection présidentielle, une recomposition du paysage politique ivoirien est en cour. D’autant plus que la coalition au pouvoir depuis 2010 vient d’éclater au grand jour.

Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire, le PDCI de Henri Konan Bédié, a annoncé le 9 août qu’il mettait fin à son alliance avec le RDR du président Alassane Ouattara.

Le PDCI, précise un communiqué, se réserve le droit de promouvoir une plate-forme de collaboration avec les Ivoiriens qui partagent sa vision d’une Côte d’Ivoire réconciliée. Il n’est donc pas exclu qu’on assiste, dans les mois qui viennent, à un rapprochement avec le Front populaire ivoirien dans la perspective de la présidentielle de 2020.
 
 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.