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Egypte: Israël mène des frappes contre Daech dans le Sinaï avec l’aval de Sissi

Dans le cadre d’un accord secret avec le pouvoir égyptien, Israël mène depuis deux ans des raids aériens contre les forces de Daech dans le nord du Sinaï. Le «New York Times» qui a révélé l’affaire a recueilli ses informations auprès de responsables américains et britanniques qui ont même décrit les attaques. Les militaires israéliens et égyptiens ont refusé, eux, de commenter ces révélations.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min

Depuis plus de deux ans, des drones, des hélicoptères et des avions israéliens, non identifiés, mènent secrètement des frappes aériennes contre les djihadistes basés dans le nord du Sinaï, avec la bénédiction du président Abdel Fattah al-Sissi.

L'incapacité du Caire à endiguer la progression des islamistes 
Cette région désertique et montagneuse, située entre le canal de Suez et la frontière israélienne, était devenue après l’éviction en juillet 2013 du président Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, un lieu de refuge pour les militants islamistes.
 
Auparavant concentrée à mener des attaques contre l’Etat hébreu, la principale organisation djihadiste Ansar Beit el Maqdis (les partisans de Jérusalem) s’est mise à mener des séries d’assauts meurtriers contre les forces de sécurité égyptiennes, les coptes et des communautés musulmanes particulières telles les soufis.
 
En novembre 2014, Ansar beit el Maqdis s’était même proclamée officiellement branche de l’Etat islamique dans la province du SinaÏ et avait pris brièvement le contrôle de la ville Cheikh Zuwaid. Les jets et hélicoptères égyptiens avaient dû intervenir pour les en déloger.

Face à l’incapacité du Caire à endiguer leur progression, notamment après le crash d’un avion de ligne russe dans le Sinaï, victime d’une explosion qui a fait 224 morts le 31 octobre 2015, Israël, inquiet, s’est mobilisé.

Le président Sissi donne secrètement son feu vert à Israël 
Plus de cent frappes aériennes ont ainsi été menées par des appareils israéliens banalisés contre les combattants islamistes, souvent au rythme de plus d’un raid par semaine, contre une région déclarée zone militaire fermée aux journalistes.
 
De source américaine, le président Sissi qui avait donné son feu vert à de telles incursions sur son territoire, avait pris la précaution de n’en tenir informé qu’un cercle restreint d’officiers de l’armée et du renseignement, pour cacher l’origine des frappes.
 
Le New York Times qui a révélé l’affaire dans son édition du 3 février 2018 cite sept responsables américains et britanniques, impliqués dans la politique au Moyen-Orient. «Ils ont décrit les attaques israéliennes en Egypte, s’exprimant sous couvert d’anonymat pour aborder des informations classifiées», écrit le journal.
 
Les porte-parole des forces militaires israéliennes et égyptiennes ont refusé de commenter les informations, tout comme un porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères.

Des frappes discrètes par crainte d'une réaction en Egypte
Les responsables des deux bords cherchent en effet à dissimuler le rôle d’Israël dans ces frappes, qui ont coûté la vie à nombre de dirigeants djihadistes, par crainte d’une réaction en Egypte.
 
Même si Le Caire est signataire d’un accord de paix avec Tel-Aviv, les responsables égyptiens et les médias sous contrôle de l’Etat continuent d’évoquer Israël comme un Etat ennemi et de jurer fidélité à la cause palestinienne, a commenté le New York Times.
 
Au lendemain de ces révélations, le Premier ministre israélien s’est exprimé en ouverture du conseil des ministres, sans toutefois se référer directement à l’article du NYT.
 
Evoquant ses récentes réunions avec le président américain Donald Trump, des dirigeants européens et le chef de l’Etat russe, Vladimir Poutine, Benjamin Netayahu a expliqué: «J’avais clairement dit (à ces dirigeants) que notre présence était le principal obstacle à la propagation de l’islam radical au Moyen-Orient, dirigé par l’Iran et (le groupe Etat Islamique», a-t-il déclaré devant ses ministres.
 
«Nous ne sommes pas déterminés à faire la guerre, mais nous ferons tout ce qui est nécessaire pour nous défendre», a-t-il ajouté.

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