Cet article date de plus de sept ans.

Erythrée: première sortie à Amsara du patriarche destitué Abune Antonios

L'ex-patriarche Abune Antonios, placé en résidence surveillée depuis dix ans par le régime, a été aperçu à une messe, le 16 juillet 2017, à Amsara, la capitale de l'Erythrée. C'est ce qu'a annoncé l'ONG britannique Christian Solidarity Worldwide (CSW), sur son site internet, informée par des sources anonymes.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La cathédrale Sainte-Marie d'Amsara (Erythrée) (MICHAEL RUNKEL / ROBERT HARDING HERITAGE / ROBERTHARDING)

L'ex-patriarche Abune Antonios a-t-il bénéficié d'une libération temporaire ou définitive? C'est la question que tout le monde se pose. L'ancien primat de l'Eglise othodoxe érythréenne a fait sa première apparition en public, à une messe donnée en la cathédrale Sainte-Marie d'Amsara, le 16 juillet. Ce qui ne s'était pas produit depuis plus de dix ans, puisque le dignitaire, qui vient d'avoir 90 ans, est placé en résidence surveillée depuis le 27 mai 2007.

«C'est encourageant d'entendre que le patriarche Antonios a été en mesure de participer à une messe, après une décennie de détention sans contact avec l'extérieur», a déclaré Mervyn Thomas, le directeur général de CSW, sur le site internet de l'ONG.

Le dignitaire avait été démis de ses fonctions de patriarche par les autorités érythréennes en 2006 après s'être opposé à la fermeture de l’église Medhanie Alem à Asmara et avoir refusé d'excommunier 3.000 opposants au gouvernement. Il avait également protesté contre l’arrestation de trois de ses prêtres en novembre 2004.

L'appel de la France à une libération
Le site d'opposition asmarino.com affirmait à l'époque de son éviction que le primat avait critiqué les interférences de l'Etat dans les activités de l'Eglise, une accusation fermement démentie par les autorités. Ce scandale est peu connu en France. 

En mai 2017, la France et le Parlement européen avaient demandé sa libération et appelé «les autorités érythréennes à prendre toutes les mesures nécessaires pour respecter les engagements internationaux auxquels elles ont librement souscrit». La Commission américaine pour la liberté religieuse internationale a elle aussi fait campagne pour la libération du patriarche Antonios, qu’elle estime être un prisonnier «de conscience».

Son successeur, Abune Dioskoros, que l'Eglise érythréenne avait nommé en 2007, est quant à lui décédé en décembre 2015.


Malgré sa destitution, Antonios avait continué à être reconnu comme le chef légitime de l'Eglise orthodoxe par le siège de l'Eglise copte orthodoxe à Alexandrie, en Egypte.

Bientôt rétabli dans ses fonctions?
«Nous attendons des clarifications sur les termes de sa libération et nous espérons profondément que le patriarche est finalement libre et sera rétabli dans ses fonctions sans conditions», a indiqué Meryn Thomas.

Le gouvernement érythréen tient à une unité nationale au sein des six millions d'habitants officiellement également répartis entre musulmans d'un côté et chrétiens catholiques, orthodoxes et protestants de l'autre. Le pays est dirigé, depuis son indépendance en 1993, d'une main de fer par Issaias Afeworki.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.