Gambie : l'ex-dictateur en exil Yahya Jammeh veut rentrer au pays
L'ancien dictateur gambien, forcé à l'exil début 2017 après sa défaite à la présidentielle, s'est fait entendre à Banjul le 9 janvier 2020 en réclamant le respect de ce qu'il considère comme ses droits, et notamment celui de rentrer.
Les desiderata de Yahya Jammeh, exilé en Guinée équatoriale, sont apparus sur les réseaux sociaux début janvier 2020. Sa conversation avec un responsable de son parti y a été diffusée. "Je ne veux aucune violence, je ne veux pas qu'on touche ou détruise quoi que ce soit", dit l'enregistrement. L'identité de celui ou celle qui l'a postée n'a pas été rendue publique. Mais l'authenticité n'en est contestée par personne. L'ancien président despotique, battu à la présidentielle de décembre 2016, exhorte aujourd'hui ses partisans à réclamer des autorités le respect des engagements pris par les organisations africaines et l'ONU au moment de son départ contraint de Gambie.
#Gambia: Exiled former President Yahya #Jammeh's New Year Message from Equatorial Guinea to his APRC party militants! He supported their plan peaceful demo to demand the current government to respect and implement the UN-AU-ECOWAS-Gambia Govt Agreement about his faith & return pic.twitter.com/VM8Ixfvarj
— Alhagie Jobe ® (@freejobe39) January 11, 2020
Officier arrivé à la tête de la Gambie par un coup d'Etat en 1994, Yahya Jammeh a dirigé pendant 22 ans un régime de féroce répression. Il a été poussé à s'exiler en Guinée équatoriale en janvier 2017, cédant à une intervention militaire africaine après avoir tout d'abord rejeté sa défaite à la présidentielle face à l'opposant Adama Barrow, toujours au pouvoir aujourd'hui.
Revenir, peut-être, mais pour être jugé, demandent ses victimes
Dans un communiqué publié à l'époque, l'Union africaine, la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest et les Nations unies s'engageaient à œuvrer avec le gouvernement gambien pour le respect de la sécurité et des droits de Yahya Jammeh, et notamment celui de rentrer en tant que citoyen et ancien chef de l'Etat. Son retour est la principale revendication de ses sympathisants. Ces derniers doivent "signifier clairement (aux autorités) qu'il faut appliquer l'accord. Il faut appliquer l'accord, point final", dit Yahya Jammeh dans l'enregistrement.
L'ex-dictateur s'est fait discret en exil, mais des enregistrements de ses conversations ont déjà fuité par le passé et son parti, l'Alliance patriotique pour la réorientation et la construction (APRC), continue à militer pour son retour.
D'autres veulent le voir revenir, mais pour qu'il soit jugé. Depuis un an, une Commission vérité et réconciliation et réparations entend les témoignages accablants des victimes des atrocités commises sous le régime de Yahya Jammeh (1996-2017). Mais son action est limitée. La Commission pourra recommander des poursuites. Elle ne pourra pas prononcer de condamnations.
Comme simple citoyen
Le "mal du pays" exprimé par l'ex-dictateur intervient alors que le président actuel est lui-même à la croisée des chemins. Adama Barrow, candidat d'une coalition de l'opposition, avait en effet promis de quitter son poste au bout de trois ans (fin 2019) sans attendre la fin de son mandat de cinq ans. Mais la donne a changé provoquant la colère de la rue. Le dirigeant a décidé d'aller au bout tout en créant son parti, avec l'intention de se présenter sous ses propres couleurs au prochain scrutin présidentiel.
Et alors que les réseaux sociaux regorgent de mises en garde contre un retour de l'ancien homme d'Etat déchu, l'actuelle présidence indique que Yahya Jammeh peut revenir, mais comme simple citoyen.
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