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Kenya: l'opposition obtient l'annulation d'un contrat sur les bulletins de vote

Un tribunal Kenyan a annulé un contrat de 24 millions de dollars sur l'impression des bulletins vote de l'élection présidentielle. Il avait été attribué à une société de Dubaï, Al Ghurair, qui est liée, selon l'opposition, au président sortant Uhuru Kenyatta. Ce jugement peut-il repousser la date du scrutin prévu le 8 août?
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Raila Odinga est considéré comme le challenger le plus redoutable du président Uhuru Kenyatta pour le scrutin du 8 août 2017. (TONY KARUMBA / AFP)

Trois juges kényans de la Haute cour ont ordonné un nouvel appel d'offres sur l'impression des bulletins de vote du scrutin présidentiel du 8 août. La coalition de l'opposition (National Super Alliance - NASA), à l'origine de la plainte, a qualifié leur décision de victoire et de «cadeau démocratique aux Kényan».

Mais selon le président de  la Commission électorale indépendante, Wafula Chebukati, ce jugement a «des conséquences importantes sur les élections». La firme de Dubaï, Al Ghurair, conserve toutefois le droit d'imprimer les bulletins de vote pour les législatives et les autres scrutins qui se déroulent le même jour.

Une bipolarisation de la campagne électorale
Pour la présidentielle, les sondages donnent le président sortant Uhuru Kenyatta vainqueur au 1er tour avec près de la moitié des suffrages et une légère avance sur Raila Odinga, le chef de file de l'opposition. Aucun des autres candidats n'est crédité de plus de 1% des voix. L'un d'entre eux, Abduda Dida, a contesté en justice leur exclusion des deux principaux débats.

La bipolarisation de la campagne fait craindre une nouvelle instrumentalisation du fait ethnique par la classe politique. L'Union européenne a récemment mis en garde contre de possibles violences dans le cadre de ces élections kényanes qui se jouent davantage sur des sentiments d'appartenance ethnique et géographique que sur des programmes. De son côté, l'ONG Human Rights Watch a rapporté des cas d'intimidations et de menaces. 

Raila Odinga, candidat malheureux en 1997, 2007 puis en 2013, avait dénoncé cette année-là, alors qu'il était Premier ministre sortant, des irrégularités avant la validation des résultats par la cour Suprême. La société civile avait elle aussi trouvé suspect que des taux de participation soient supérieurs à 100% dans certains bureaux de vote. Des violences post-électorales avaient éclaté dans le pays, faisant plus de 1.000 morts et 600.000 déplacés. 

Des violences post-électorales en 2013 et 2007
Déjà en 2007, l'annonce de la victoire du président sortant Mwai Kibaki contre Raila Odinga avait provoqué des tueries ethniques dont le bilan s'était élevé à 1.162 morts et 350.000 déplacés dans plus d'une centaine de camps.

«L'ancien Secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, mandaté par l'Union africaine, avait réussi sa médiation en proposant la constitutionnalisation du poste de Premier Ministre. Les deux leaders avaient accepté le partage du pouvoir ainsi que la rédaction d'une nouvelle constitution afin de préserver le pays de ses dérives», explique Sonia Le sur son blog GoodMorningAfrica.

D'ici au 8 août, l'UE a prévu de dépêcher au Kenya une centaine d'observateurs. Cette mission, dirigée par la députée néerlandaise Marietje Schaake, est qualifiée par l'intéressée d'«une des plus importantes» jamais envoyées par l'UE dans le monde. Il est «évident» selon l'élue européenne que de nouvelles violences «créeraient une situation dans laquelle tout le monde serait perdant»

Ce qui peut laisser espérer que le scrutin se déroulera dans un climat serein, c'est que «les Kényans semblent avoir pris les dispositions institutionnelles afin d'éviter de revivre les violences de 2007-2008: la Constitution a été réécrite, une nouvelle Cour suprême et une commission électorale ont été créées, une loi contre les discours de haine adoptée», analyse Sonia Le.

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