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L'Egypte, sous état d'urgence, célèbre en toute discrétion les neuf ans de sa révolution

Les autorités égyptiennes n'ont prévu aucun événement d'envergure à cette occasion.

Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Le drapeau national égyptien flotte sur la place Tahrir au Caire le 24 janvier 2016. C’est ici que s’était déroulé le soulèvement populaire de 2011 contre le président Hosni Moubarak. (KHALED DESOUKI / AFP)

Toutes les dispositions ont été prises pour empêcher la tenue de manifestations, à l'occasion du 9e anniversaire du renversement de l'ex-président Hosni Moubarak, dans la capitale égyptienne comme sur l’ensemble du territoire placé sous état d’urgence pour la troisième année consécutive. Dans un communiqué, le ministère égyptien de l’intérieur a accusé la confrérie des Frères musulmans, de préparer une opération visant à saper la sécurité et la stabilité du pays et à semer le chaos le 25 janvier. Six personnes ont été arrêtées. Elles sont accusées d’avoir planifié une série d’attentats terroristes ciblant des personnalités, des installations clé et des lieux de cultes, rapporte l'Ajgence France Presse.

Une législation d’exception depuis trois ans

L’état d’urgence, qui vient d’être reconduit pour trois mois, élargit considérablement les pouvoirs de la police en matière d’arrestation et de surveillance. Il peut imposer des restrictions à la liberté de mouvement. Cette législation d’exception a été instaurée en avril 2017 à la suite d’attentats contre des églises coptes. Mais les organisations de défense des droits humains y voient une volonté du pouvoir de museler l'opposition. Elles dénoncent régulièrement des atteintes aux libertés individuelles et une répression féroce contre toute contestation.

Le général Abdel Fattah al-Sissi avait fait irruption sur le devant de la scène politique égyptienne en 2013 par un coup d’Etat militaire qui a renversé le président islamiste Mohamed Morsi, élu en juin 2012. Ce dernier avait succédé au président Hosni Moubarak, emporté par la révolte de janvier 2011. L’abrogation de l’état d’urgence, en vigueur pendant 30 ans, était l’une des demandes principales du soulèvement populaire. Les manifestants, majoritairement des jeunes, réclamaient la justice sociale et la dignité. Ils voulaient se sentir libres dans leur pays. Leur enthousiasme s'est rapidemment évanui . 

Aujourd’hui, des milliers de personnes croupissent en prison et les manifestations sont toujours interdites depuis le coup d’Etat du général Sissi en 2013. Principal mouvement d’opposition durant des décennies, la confrérie musulmane fait l’objet d’une répression féroce. Elle a été classée "mouvement terroriste" par le pouvoir du Caire.

"Le silence complice des alliés de l'Egypte"

En novembre 2019, Amnesty International a publié un rapport accablant, intitulé L’Egypte, un Etat d’exception permanent. L’organisation de défense des droits humains a recueilli des témoignages de victimes de la répression menée par le pouvoir pour faire taire toute dissidence. Mises à l’isolement, battues et torturées, les victimes sont ciblées par les autorités et qualifiées de terroristes et d’ennemies de l’Etat. D’autres font l’objet de disparitions forcées. Dans son rapport, Amnesty International a dénoncé également "le silence complice" des alliés de l’Egypte, les pays occidentaux, qui "sacrifient les principes des droits humains pour préserver leurs intérêts économiques".

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