La Tunisie emprunte 300 millions de dollars à l'Algérie pour rembourser sa dette
La Tunisie s'enfonce dans la crise économique et politique. La pandémie a fait chuter le secteur touristique, principal apport en devises du pays.
L'Algérie octroie un prêt de 300 millions de dollars à la Tunisie. C'est ce qu'a annoncé le président algérien Abdelmadjid Tebboune le 15 novembre 2021, lors d'une visite d'Etat de deux jours à Tunis. Au programme, le renforcement des relations économiques entre les deux pays. Alger vole au secours de son voisin, mais cela permettra juste de renflouer pour quelques mois les caisses de l’Etat, en attendant un prêt plus conséquent du Fond monétaire international (FMI).
Lourdement endettée
Endettée à hauteur de 41 milliards de dollars (102% du PIB), la Tunisie est en négociation avec le Fond monétaire international pour un prêt de quatre milliards de dollars. Pour sortir de l'ornière, malgré les aides massives reçues de l'Union européenne, Tunis se tourne pour la quatrième fois en dix ans vers le FMI, mais aussi vers les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, etc.
Le recours incessant à l’emprunt sert finalement en partie à rembourser d’autres prêts. C’est un cercle vicieux. "
Fadhel Kaboub, professeur d’économie, spécialiste du monde arabedans Le Monde
La crise économique tunisienne, caractérisée depuis dix ans par une faible croissance (0,6% en moyenne) et une forte inflation (6%), a encore été aggravée ces dernières années par la pandémie de Covid-19 qui a mis le pays à l'arrêt et l'a privé d’une grande partie de ses recettes touristiques, principal apport en devises du pays.
La Tunisie importe un grand nombre de produits alimentaires, d’équipement high-tech comme les smartphones et les ordinateurs, et une grande partie de son énergie. Elle exporte en revanche des produits à faible valeur ajoutée comme l’huile d’olive, le textile ou le phosphate. Tout cela crée un déséquilibre structurel de la balance commerciale et fait baisser la valeur de la monnaie. Au final, la hausse des prix des produits importés pèse sur le pouvoir d’achat des Tunisiens.
Crise politique chronique
De plus, la crise économique se double d’une crise politique chronique freinant les ardeurs des investisseurs et des bailleurs de fonds. En juillet 2021, le président Saïed s'est arrogé les pleins pouvoirs avec le limogeage du gouvernement et la suspension du Parlement dominé par le parti d'inspiration islamiste Ennahdha. Une suspension du Parlement encore prolongée le 13 novembre 2021 jusqu'à la tenue de nouvelles élections législatives annoncées pour décembre 2022.
"M. Saied semble déterminé à mener à bien son projet politique, faisant fi des pressions à la maison et de l'étranger", déclare à l'AFP l'analyste Slaheddine Jourchi. "Le gros problème réside dans le fait qu'il va continuer à gouverner par décrets. Son conflit politique avec ses opposants va s'aggraver."
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