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Les Malgaches redoutent l’éclatement d’une nouvelle crise post-électorale

La presse malgache tire la sonnette d’alarme, alors que tous les poids lourds de la présidentielle contestent ouvertement le travail effectué par la Ceni, la Commission nationale électorale qui centralise les résultats du premier tour de l’élection du 7 novembre 2018. Aucun candidat n’y trouve son compte.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Opération de dépouillement dans un bureau de vote, le 7 novembre 2018, dans la capitale malgache.  (Photo AFP/Mamyrael)

«Chassez le naturel, il revient au galop», écrit l’Express de Madagascar qui constate que les principaux partis engagés dans la course se trouvent désormais sur le même front dans la contestation des résultats publiés par la Ceni.

«La tension monte sérieusement au fur et à mesure que l’éventualité d’un second tour se précise. Peut-on encore aller au second tour quand ceux qui s’y sont qualifiés ne font plus confiance à l’organisateur de l’élection ?, s’interroge le quotidien malgache.

Le journal constate que ce sont les gagnants qui sont les premiers à remettre en cause les résultats fournis par la Ceni. C’est le cas du candidat Andry Rajoelina, classé en tête du scrutin et crédité provisoirement de 39,45% des voix.

Rumeurs de piratage informatique
L’ancien président a d’ores et déjà retiré ses représentants à la commission électorale à laquelle il n’accorde plus de crédit. Selon la Gazette de Madagascar, il n’est pas exclu qu’il déclenche la mobilisation de ses militants pour dénoncer le dépouillement du scrutin. Avec un score au-dessus de plus de 50% enregistré dans les premiers jours du dépouillement, ses résultats ont ensuite fondu au fur et à mesure des opérations de dépouillement.

«Le quartier général d’Andry Rajoelina pointe un doigt accusateur sur le système informatique de la Ceni, lequel serait pénétré par des hackers nationaux ou étrangers. Ce qui provoquerait l’infléchissement de son score vers le bas», écrit la Gazette de Madagascar.

Le camp d’Andry Rajoelina n’est pas le seul à contester. Ses deux principaux rivaux, Marc Ravalomanana et Hery Rajoanarimampianina, sont aussi montés au créneau pour mettre en cause le travail de la commission électorale. Classé en deuxième position avec 36,43% des voix, le candidat Marc Ravalomanana soupçonne «une basse manœuvre» de la Ceni.

«Les partisans de l’ancien président pensent qu’il y a une manipulation des voix quelque part. Mais le camp Ravalomanana semble pourtant se résigner à la tenue d’un deuxième tour», croit savoir Tribune Madagascar.

«On commence à être fatigués…Qu’ils nous laissent travailler»
Sous le feu des critiques, la Commission nationale électorale tape du poing sur la table. Son vice-président, Thierry Rakotonarivo, s’est adressé à la presse le 14 novembre pour dénoncer la mauvaise foi des candidats contestataires.

«Je peux vous dire qu’on commence à être fatigués. Nous demandons aux candidats de laisser la Ceni travailler tranquillement. On ne cache rien aux candidats. Et si les résultats issus de leur quartier général sont différents de ceux publiés par la Ceni, on est prêt à utiliser tous les documents en notre possession pour vérifier et même de faire le recomptage des voix», a-t il déclaré.

Mais pas question pour la Ceni de remettre ses procès-verbaux aux candidats comme ils le souhaitent. Ce n’est pas du tout prévu par la loi, a précisé le vice-président de la Commission nationale électorale. La tension ne cesse de monter à Antananarivo et suscite l’inquiétude de la société civile.

«Au fur et à mesure que les résultats sortent, les candidats n’ont pas les scénarios qu’ils souhaitaient. C’est pour ça qu’ils créent cette atmosphère délétère. Ils ont tous les trois peur des résultats», confie à RFI Faraniaina Ramarosaona, membre du mouvement Rohy.

La Ceni espère publier l’ensemble des résultats du premier tour vendredi 16 novembre.

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