Libye : Seif al-Islam Kadhafi sera bien candidat à la présidentielle
Un tribunal a rétabli la candidature du fils du "Guide" soutenu par les nostalgiques de l'ancien régime.
Seif al-Islam Kadhafi, 49 ans, reste dans la course à la magistrature suprême en Libye. La cour d'appel de Sebha, dans le sud du pays, a ordonné le jeudi 2 décembre 2021 son rétablissement comme candidat à l'élection présidentielle du 24 décembre. L'information, rapportée par plusieurs médias libyens, a été confirmée par l'AFP auprès de l'entourage du candidat. Ce dernier avait fait appel plus tôt dans la journée devant cette cour contre la décision de l'Autorité électorale de rejeter sa candidature. "C'est d'abord une victoire de la justice, et ensuite celle de la volonté du peuple", s'est félicité son avocat Khaled al-Zaydi, après l'audience.
كل الشكر والتقدير لقضاة ليبيا الذين غامروا بأنفسهم في سبيل كلمة الحق.
— سيف الإسلام معمر القذافي (@SyfAlqdhafy) December 2, 2021
ونهدي هذا النصر لكل الشعب الليبي… وإهداء خاص إلى عماتي وأعمامي وإخوتي وأخواتي الذين تحملوا برد الليالي وسهروا لحماية المحكمة.
("Tous nos remerciements et notre gratitude aux juges libyens qui se sont battus pour la vérité. Nous dédions cette victoire à tout le peuple libyen... Et une dédicace particulière à mes tantes, oncles, frères et sœurs qui ont enduré les nuits froides et sont restés éveillés pour protéger la cour.")
Bloqué devant le tribunal
Le fils de l'ex-dictateur libyen avait déposé sa candidature à la mi-novembre, misant sur le soutien des nostalgiques de l'ancien régime, déçus par une interminable transition politique sur fond de chaos. Mais la Haute commission électorale nationale (HNEC), qui a publié le 24 novembre une liste préliminaire de 73 candidats, l'avait exclu en invoquant des articles de la loi électorale stipulant qu'un candidat "ne doit pas avoir été condamné pour un crime déshonorant" et doit présenter un extrait de casier judiciaire vierge. Seif al-Islam Kadhafi, qui a été condamné à mort en 2015 à l'issue d'un procès expéditif et qui a ensuite bénéficié d'une amnistie, est actuellement recherché par la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité.
La décision de justice a donné lieu jeudi 2 à des scènes de liesse devant le tribunal à Sebha, ville semi-désertique située à quelque 650 kilomètres au sud de la capitale Tripoli, où des dizaines de partisans du candidat étaient réunis, selon les images de médias. Elle intervient après une série d'incidents ayant empêché pendant plusieurs jours le fils Kadhafi de faire appel du rejet de sa candidature. Des partisans de l'homme fort de l'Est, Khalifa Haftar, lui-même candidat, ont bloqué pendant une semaine l'accès au tribunal, suscitant "une grande inquiétude" au sein du gouvernement intérimaire et des Nations unies. Ces hommes armés se sont finalement retirés le 2 décembre du périmètre du tribunal, permettant aux trois magistrats et à l'avocat de Seif al-Islam d'entrer dans le bâtiment.
2,4 millions de Libyens sur 7 ont retiré leur carte d'électeur
Outre le fils du "Guide", le chef du gouvernement intérimaire, Abdelhamid Dbeibah, le maréchal Khalifa Haftar, qui contrôle de facto l'Est et une partie du Sud libyen, ainsi que l'influent ex-ministre de l'Intérieur, Fathi Bachagha, sont les candidats les plus en vue du scrutin présidentiel à venir.
Aboutissement d'un processus laborieux parrainé par l'ONU, la présidentielle du 24 décembre, et le scrutin législatif prévu un mois plus tard, sont censés tourner la page d'une décennie de conflit depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi, tué lors d'une révolte populaire. Si la Libye est engagée dans la dernière ligne droite de la présidentielle, la persistance des désaccords entre camps rivaux et des tensions sur le terrain font planer un doute sur sa tenue.
Quelque 2,4 millions de Libyens ont récupéré leur carte d'électeur, sur une population de sept millions, selon la commission électorale. Non sans accrocs : sur les réseaux sociaux, certains ont affirmé ne pas avoir trouvé leur carte, récupérée selon eux par d'autres, alimentant les suspicions de fraude. La commission électorale a indiqué que plus de 2 300 cartes d'électeurs ont été dérobées dans cinq bureaux de vote par des hommes armés dans l'Ouest, notamment à Tripoli, le mercredi 1er décembre, jour marquant la fin de la remise des cartes d'électeurs dans les bureaux de vote.
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