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Madagascar : l'ONU lance un "appel éclair" aux dons pour sauver un million d'habitants

Frappé par une sécheresse sans fin, le sud de l'île de Madagascar est menacé de famine. Plus de la moitié des 2,7 millions d'habitants de la région ont besoin d'une aide d'urgence.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Lors d'un précédent épisode de disette, en décembre 2018, une fillette du village d'Ifotaka dans le sud de Madagascar, mange un complément alimentaire fourni par l'ONG Action contre la faim. (RIJASOLO / AFP)

Une femme accroupie, écuelle à la main, recueille de l'eau dans l’ornière boueuse d'une piste. La scène se déroule quelque part dans le sud de Madagascar. Cette photo a été choisie par le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) pour illustrer l'extrême menace qui pèse sur plus d'un million d'habitants de neuf districts de la pointe sud de l'île.

Une femme récupère de l'eau de pluie dans l'ornière d'une piste à Madagascar. Photo non datée. (Capture d'écran du site de l'OCHA)

Pour y faire face l'OCHA lance un "Appel Eclair" aux dons, afin de récolter 75,9 millions de dollars pour financer les besoins les plus urgents. Une première enveloppe de 30 millions de dollars a déjà été débloquée en juin 2020. Si elle a permis de parer au plus pressé, "d’éviter une détérioration généralisée de la situation", les projections restent alarmantes pour un très proche avenir.

Manger de la terre pour survivre

Car si l'eau manque, c'est surtout la nourriture qui fait défaut. Selon l'AFP, certains habitants en sont réduits à consommer de l'argile afin d'atténuer l'amertume des gousses de tamarin ou des baies de cactus, les derniers fruits qu'il reste à manger.

La région subit depuis plus d'un an, une sécheresse exceptionnelle, "la plus accentuée de ces dix dernières années" affirme l'OCHA. En moyenne, le déficit des précipitations a été de 19% par rapport la normale, pouvant atteindre par endroit un tiers de la pluviométrie ordinaire.

Dans un premier temps, cette sécheresse a d'abord touché les récoltes. La campagne 2019-2020 a été catastrophique avec des rendements réduits de moitié, parfois même nuls dans certains districts. Et la prochaine récolte ne s'annonce pas meilleure. Or, faute de revenus, les habitants peinent à acheter de la nourriture dont les prix s'envolent.

300 000 enfants en danger

L’épidémie de coronavirus n'a rien arrangé, les déplacements étant interdits lors des périodes de confinement. "Dans ce contexte de restriction des déplacements, la migration n’apparaît pas comme une option pour trouver des sources de revenu alternatives" note l'OCHA. Et c'est désormais l'eau potable qui vient à manquer. Le prix de l'eau en bouteille a grimpé de 50%.

Les agences onusiennes, la Croix-Rouge et les ONG présentes, s'attendent à un début d'année 2021 alarmant. La période dite de soudure, entre deux récoltes, est toujours compliquée quand les réserves sont faibles.

Construire l'avenir

Cette fois, plus d'un million d'habitants dans les neuf districts du Sud, soit près de la moitié de la population, sont en urgence alimentaire, et 500 000 ont un accès insuffisant à l'eau, pour boire ou se laver. Parmi eux, 300 000 enfants de moins de cinq ans se trouvent en situation de malnutrition aiguë.

Il y a urgence mais, reconnaît l'Onu, il faut aussi agir pour mettre fin à une situation devenue chronique. Ces crises alimentaires se succèdent depuis des années, et le dérèglement climatique ne fait qu'empirer la situation. Une mutation économique et sociale s'impose. Sauf que, sans grands moyens, les autorités malgaches sont démunies et ont besoin de l'aide internationale. 

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