Cet article date de plus de six ans.

Maroc: le leader du mouvement du Hirak, Nasser Zefzafi, en grève de la faim

Condamné à 20 ans de prison, Nasser Zefzafi, le leader du mouvement de contestation sociale du Hirak au Maroc, a entamé, jeudi 30 août 2018, une grève de la faim pour protester contre ses conditions de détention. «Une grève de non-retour», assure son père.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2min
Nasser Zefzafi (Mohamed el-Asrihi / AFP)

«Il est décidé à ne plus manger ni boire jusqu'à ce que ses revendications soient satisfaites. C'est une grève de non-retour», a déclaré son père Ahmed Zefzafi à l'AFP. «Il ne demande que les droits dont bénéficient les autres prisonniers: qu'on le sorte de l'isolement en cellule individuelle et le mette dans une cellule digne où il puisse voir et parler» avec les détenus, a-t-il ajouté. Selon lui, son fils ne comprend pas pourquoi un traitement «aussi sévère» lui est réservé. La direction de la prison Oukacha de Casablanca où il est détenu n'a fait aucun commentaire sur le sujet.
Les partisans du mouvement marocain Al-Hirak al-Shaabi brandissent des pancartes et des slogans appelant à la libération du leader du mouvement Nasser Zefzafi devant la Cour d'appel de Casablanca lors de son procès le 24 octobre 2017.  (Fadel Senna/AFP)

Arrêté en mai 2017 en pleine contestation sociale dans la région du Rif (nord), Nasser Zefzafi avait été condamné fin juin à 20 ans de prison pour «complot visant à porter atteinte à la sécurité de l'Etat», au terme de neuf mois d'un procès fleuve réunissant un total de 53 prévenus. Le roi du Maroc Mohamed VI a depuis amnistié près de 190 personnes condamnées par différents tribunaux en lien avec le mouvement qui a agité en 2016 et 2017 le nord du Maroc, dont 11 des prévenus de Casablanca. Les principaux animateurs du Hirak ont été exclus de cette amnistie.

Nasser Zefzafi devenu le visage de la contestation dans le Rif (HICHAM RAFIH / AFP)

Nassez Zefzafi, un ancien chômeur devenu le visage de la contestation avec ses talents d'orateur, avait été arrêté après avoir interrompu le prêche d'un imam ouvertement hostile au mouvement dans une mosquée d'Al-Hoceïma, l'épicentre du Hirak qui a secoué la région historiquement frondeuse et marginalisée.

Casablanca octobre 2017: des manifestants réclament la libération des détenus du Hirak, le mouvement de protestation qui a secoué la région marocaine du Rif en 2016, à l'occasion d'une audience judiciaire.  (Jalal Morchidi / ANADOLU AGENCY )

La contestation avait été déclenchée par la mort d'un vendeur de poissons, broyé dans une benne à ordures en octobre 2016 alors qu'il s'opposait à la saisie de sa marchandise. Au fil des mois, le mouvement a pris une tournure plus sociale et politique, appelant à davantage de développement et à la fin de la marginalisation de la région.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.