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Maroc : le roi gracie près de 200 militants du mouvement Hirak

Le roi du Maroc Mohammed VI a gracié un total de 188 personnes liées au mouvement de protestation Hirak et condamnées fin juin 2018, une grâce accordée à l'occasion de la fête religieuse de l'Aïd al-Adha, selon des sources au Conseil national des droits de l'Homme (CNDH). Les principaux responsables ne sont pas concernés par cette grâce.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Manifestation à Rabat pour réclamer la libération du leader rifain Nasser Zefzafi arrêté par la police, le 29 mai 2017. (afp/ Anadolu Agency)

Dans un premier temps, le CNDH avait fait état de 11 grâces pour des militants purgeant des peines de deux à trois ans de prison à Casablanca (ouest) après leur condamnation fin juin au terme du procès-fleuve des meneurs du mouvement de contestation sociale qui a agité la région du Rif (nord), en 2016-2017. Les autres grâces concernent des personnes condamnées en lien avec les manifestations qui ont agité cette région défavorisée pendant plusieurs mois, avec des sentences prononcées par les tribunaux de Nador (nord) et d'Al Hoceima (nord), la ville épicentre de la contestation, selon des informations publiées par la presse marocaine. Il n'a pas été possible d'obtenir de confirmation à ce sujet auprès du ministère de la Justice.


Les partisans du mouvement marocain Al-Hirak al-Shaabi brandissent des pancartes et des slogans appelant à la libération du leader du mouvement Nasser Zefzafi devant la Cour d'appel de Casablanca lors de son procès le 24 octobre 2017.  (Fadel Senna/AFP)


Les détenus du Hirak graciés sont immédiatement libérables et le CNDH a commencé à se coordonner avec les autorités locales dans différentes villes pour préparer leur retour chez eux, selon un responsable du Conseil joint par l'AFP. Le 26 juin 2018, la justice marocaine a condamné à Casablanca un total de 53 activistes accusés de former le noyau dur du Hirak à des peines comprises entre un et 20 ans de prison. La sévérité du verdict avait suscité des réactions d'incompréhension et d'indignation sur les réseaux sociaux suivies par quelques manifestations de protestation, avec de nombreux appels à la clémence du roi.
 

Nasser Zefzafi (Mohamed el-Asrihi / AFP)


Ni le leader du mouvement Nasser Zefzafi, condamné avec trois de ses compagnons à 20 ans de prison pour «atteinte à la sécurité de l'Etat» ni le journaliste Hamid el Mahdaoui, qui a pris trois ans ferme après sa couverture des événements, ne figurent parmi les personnes graciées. Tous les accusés du procès de Casablanca ont fait appel et l'audience d'appel est prévue en octobre. A l'exception du journaliste, condamné séparément, tous avaient refusé de prendre la parole à la fin du procès en dénonçant la partialité de la justice et leurs avocats avaient refusé de plaider. Les autorités, elles, estiment que le procès était équitable.
 

Manifestation à Al Hoceima dans le Rif marocain, le  20 juillet 2017. (Guillaume Pinon / NurPhoto)


La contestation dans le Rif avait été déclenchée par la mort d'un vendeur de poissons, broyé dans une benne à ordures en octobre 2016 alors qu'il s'opposait à la saisie de sa marchandise. Au fil des mois, la protestation a pris une tournure plus sociale et politique, pour appeler à davantage de développement et à la fin de la marginalisation. 

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