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Mauritanie: l’opposition dénonce une «incitation au coup d’Etat constitutionnel»
Le porte-parole du gouvernement mauritanien, Ahmed Lemine Ould Cheihk, persiste et signe: «Ceux qui parlent de départ du président de la République sont de véritables rêveurs», affirme-t-il. Pour lui, les Mauritaniens sont très attachés à leur président dont le deuxième et dernier mandat s’achève en 2019. Il n’est donc pas question qu’il quitte le pouvoir.
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L’opposition mauritanienne a aussitôt exigé des poursuites judiciaires contre le ministre de la Cultur et porte-parole du gouvernement. Face à la presse à Nouakchott, Ahmed Lemine Ould Cheihk a annoncé que «le régime actuel ne changera pas» en 2019, malgré les dispositions de la Constitution qui accordent seulement deux mandats au président de la République.
«Penser que le président de la République va partir dans 10 à 11 mois relève d’un rêve. Des événements se produiront ces prochains jours et confirmeront ce que je dis», a-t il déclaré au cours d’une conférence de presse dans la capitale mauritanienne.
«Une incitation à un coup d’Etat contre la Constitution»
Le ministre n’a donné aucune précision sur ces événements qui vont confirmer ses affirmations. L’opposition est aussitôt montée au créneau pour dénoncer «une incitation à un coup d’Etat contre la Constitution». Elle rappelle que la loi fondamentale stipule que le président de la République ne peut aller au-delà d’un mandat de cinq ans, renouvelable une fois.
La présidence mauritanienne n’a pas réagi à cette nouvelle polémique qui agite la classe politique, en dépit des assurances maintes fois données par le chef de l’Etat en personne. En mars 2018, Mohamed Abdel Aziz avait confié à Jeune Afrique qu’il respecterait la Constitution. Pour lui, cette histoire de troisième mandat n’est qu’une «propagande de l’opposition».
La question du troisième mandat a même suscité la polémique entre les confréries religieuses. Des membres de l’association des oulémas, considérés comme des savants musulmans, sont allés voir le président le 23 mai 2018 pour l’encourager à solliciter un troisième mandat.
Cette initiative avait été critiquée par une autre tendance de guides religieux animée par de jeunes imams mauritaniens qui exigent le respect de la Constitution.
«L’homme est à surveiller comme du lait sur le feu»
Pour le journal burkinabé Le Pays, tout cela pourrait annoncer une tempête socio-politique dans le pays.
«Il est vrai que le président Abdel Aziz dit à qui veut l’entendre qu’il ne briguera pas un troisième mandat… Mais il n’empêche que l’homme est à surveiller comme du lait sur le feu. Rien ne dit qu’il n’est pas le principal scénariste de cette vaste comédie l’encourageant à porter un coup de marteau au verrou limitatif du mandat présidentiel», écrit le journal.
Comme le fait remarquer la presse mauritanienne, les ténors du troisième mandat parmi les fidèles du chef de l’Etat n’ont jamais été rappelés à l’ordre.
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