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RDC: Non aux «seigneurs de guerre» dans nos institutions, plaide l’Asadho
Des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre attribués aux forces de sécurité congolaises. Une enquête de l’ONU pointe Kinshasa, éclaboussé par le bain de sang qui a endeuillé les provinces du Kasaï. Pour le président de l’association africaine des droits de l’Homme (Asadho), il faut sanctionner les autorités «aux mains pleines de sang». Jean-Claude Katende s’est confié à Géopolis.
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Le président de l’Association africaine des droits de l’Homme (Asadho), Jean-Claude Katende, ne cache pas sa satisfaction. L’ONU a enfin reconnu que des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre ont été commis en 2016 et 2017 dans la région du Kasaï en République démocratique du Congo. L'enquête menée par son association en collaboration avec la FIDH avait abouti aux mêmes conclusions en décembre 2017.
«Le gouvernement a tué une partie de sa population»
3000 personnes y ont trouvé la mort dans des affrontements entre les miliciens «Kamuina Nsapu», dont le chef venait d’être assassiné, et les forces de sécurité congolaises soutenues par les milices «Bana Mura» pour accomplir la sale besogne.
«Ce qui nous a particulièrement choqués, c’est le fait que la milice Bana Mura a été encadrée, a été dotée en armes blanches et en armes modernes par des personnes qui sont censées protéger la population, c’est-à-dire la police et les forces armées de la République démocratique du Congo. Il n’y a aucun doute, c’est le gouvernement qui a tué une partie de sa population pour des objectifs purement politiques», tranche-t-il.
Des crimes d’une grande ampleur dont l’objectif était de retarder le processus électoral, affirme Jean-Claude Katende.
«Le rapport des experts de l’ONU le dit. La stratégie des autorités de Kinshasa était de faire en sorte que le président Kabila reste encore au pouvoir pendant quelques mois, pendant quelques années. Ces massacres visaient à perturber les opérations d’inscription sur les listes électorales.»
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— ONU Info (@ONUinfo) June 26, 2018
Des autorités «aux mains pleines de sang»
Comment dès lors rendre justice aux victimes du Kasaï dans un pays où règne l’impunité que pointe le rapport d'enquête de l'ONU? Faut-il mettre en place un tribunal spécial pour juger les responsables de ces crimes?
Pour le président de l’Asadho, justice ne sera jamais rendue aux victimes du Kasaï tant que les autorités congolaises actuelles se maintiendront au pouvoir.
«Quand vous avez des personnes qui ont les mains pleines de sang à la tête du pays, dans les institutions publiques, elles ne peuvent pas exercer la justice contre les auteurs de crimes.» Ce sont ces autorités qui sont aujourd’hui à la base de la confiscation de la justice. Elles sont à la base de l’impunité.»
L’Association africaine des droits de l’Homme estime que tout doit être mis en œuvre pour organiser des élections crédibles en RDC. Pour que de nouvelles autorités prennent la relève et mettent en place des institutions judiciaires dignes de ce nom. Une justice capable de prendre des mesures contre les auteurs et les commanditaires de tous ces crimes.
«Pas de votes pour les seigneurs de guerre»
L’Asadho vient de lancer une vaste campagne en direction de la population invitée à refuser leurs suffrages à tous les «seigneurs de guerre» en RDC.
«Nous demandons à nos concitoyens de ne plus voter pour toute personne qui aurait participé à la rébellion depuis 1996. Quelle que soit son origine, quelles que soient ses ambitions politiques, nous ne voulons plus de seigneurs de guerre. Ce sont eux qui sont aujourd’hui à la base de la confiscation de la justice. Ils sont à la base de l’impunité. Cette campagne va se poursuivre jusqu’au mois de décembre pour qu'aucun Congolais ne donne sa voix à un seigneur de guerre.»
Jean-Claude Katende décrit à Géopolis l’extrême précarité dans laquelle vivent les rescapés des violences qui ont endeuillé le Kasaï. Une région menacée par la famine et abandonnée par le pouvoir central de Kinshasa.
«Les gens n’ont pas eu le temps de cultiver, des écoles ont cessé de fonctionner. Des hôpitaux ont été détruits, tout comme des églises. Les services de base ne sont pas fournis. On est dans un espace totalement abandonné par les pouvoirs publics. Comment voulez-vous que les gens vivent dans ces conditions.»
La CPI invitée à initier les poursuites
Le plus grand travail pour nous, explique Jean-Claude Katende, c’est de nous servir de ce rapport des experts de l’ONU pour que «la société civile fasse campagne contre tous ceux qui sont impliqués dans ce genre d’actions partout dans le pays».
L’Asadho appelle la Cour pénale internationale à se servir aussi de ce rapport pour initier des actions contre les auteurs des crimes contre l’humanité et les crimes de guerre que dénonce l’ONU.
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