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Sénégal: le geste de trop de Kémi Séba contre le franc CFA
Le militant franco-africain Kémi Séba a été interpellé, le 25 août 2017, chez lui à Dakar, pour avoir brûlé un billet de 5000 francs CFA (7,6 euros). Les faits se sont déroulés lors d’une manifestation contre la «Françafrique» organisée dans la capitale sénégalaise et dans une dizaine de villes africaines. M.Séba est poursuivi par la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BCEAO).
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La croisade de Kémi Séba contre le Franc CFA est suspendue. Son placement en garde à vue pour «destruction volontaire et publique par le feu d'un billet de banque ayant cours légal», selon une source policière, fait suite à une plainte de la BCEAO, l'institut d'émission en Afrique de l'Ouest du franc CFA.
«Je savais qu'en effectuant cet acte purement symbolique, la BCEAO, sans doute sur commande de la Banque de France, engagerait une procédure visant à me mettre en prison. Je le savais, et je suis prêt à en payer le prix», avait indiqué sur sa page Facebook le fondateur de la Tribu Ka, association pronant la défense du peuple noir, dissoute en 2006 en France pour «antisémitisme et incitation à la haine raciale».
«Je savais qu'en effectuant cet acte purement symbolique, la BCEAO, sans doute sur commande de la Banque de France, engagerait une procédure visant à me mettre en prison. Je le savais, et je suis prêt à en payer le prix», avait indiqué sur sa page Facebook le fondateur de la Tribu Ka, association pronant la défense du peuple noir, dissoute en 2006 en France pour «antisémitisme et incitation à la haine raciale».
Ce Franco-Béninois a brûlé, le 19 août 2017, un billet de 5000 francs CFA lors d'une manifestation place de l'Obélisque à Dakar, contre cette monnaie qui, à ses yeux, est «un scandale économico-politique d'ordre colonial qui tue notre peuple».
Séba, de son vrai nom Stellio Capochichi, se présente comme un «polémiste et conférencier panafricain». Il œuvre depuis plusieurs années à la popularisation des idées panafricanistes et anti-impérialistes en Afrique francophone et a déjà organisé ou participé en Afrique à plusieurs manifestations hostiles au franc CFA.
#Lutte anti-#Cfa : #KemiSeba amène la #résistance #panafricaine au #Bénin https://t.co/KgsJBNCzco #Banouto via @BanoutoBenin,#Afrique,#Talon
— Olivier Ribouis (@Ribolivier) August 12, 2017
Créée en 1945, cette monnaie est rattachée à l'euro par une parité fixe. La zone franc comprend aujourd’hui huit pays d’Afrique de l’Ouest et six d’Afrique centrale, plus la France, rappelait Geopolis en septembre 2016.
Depuis plusieurs mois, le débat sur le franc CFA refait surface sur le continent africain. Cette monnaie a l'avantage d'être stable mais en même temps surévaluée avec une dimension symbolique qui cristallise les critiques les plus fortes. «Le droit de regard du Trésor français peut être perçu comme une atteinte à la souveraineté des banques centrales», analyse Philippe Hugon pour Le Figaro.
Une pétition «Libérez Kémi Séba»
Dans une récente chronique publiée par le journal Le Monde, Kémi Séta est qualifié de «farceur» et de «roquet hypermédiatisé». Mais le débat sur le Franc CFA ne doit pas être qu’«une affaire d’économistes et d'experts», riposte le site Financial Africk, selon lequel le point de vue de «la rue» ne peut en être exclu. «La question de la monnaie a été relancée par les mobilisations citoyennes nées des réseaux sociaux et de la vague de démocratisation que connaît le continent», souligne le journal qui prend la défense du polémiste interpellé.
#Afrique : le 19 août, Kemi Seba sonne le « printemps » contre la #Françafrique https://t.co/4iVnKZcN25
— Edouard Djogbénou (@Lebossedouard) August 9, 2017
En 2011, l’enfant terrible de l’afrocentrisme francophone, né dans l'Hexagone où il a grandi, a pris ses quartier à Dakar au Sénégal, raconte Jeune Afrique qui précise que le polémiste a adopté le look local et mis de l'eau dans son vin sur la question raciale, se transformant en orateur très prisé des médias.
En France, l'activiste a connu à plusieurs reprises des démêlés avec la justice, notamment pour avoir tenu des propos jugés antisémites. En 2014, l'AFP rappelle qu'il avait été interpellé après avoir donné un spectacle au théâtre de la Main d'Or à Paris, exploité par le polémiste français Dieudonné, que Séba considère comme «un frère et un ami».
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