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Somalie : le président Farmajo a signé la loi prolongeant son mandat de deux ans

Le bras de fer avec l'opposition s'intensifie, faisant craindre le pire pour le pays.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Le président Mohamed Abdullahi Mohamed, surnommé Farmajo, a obtenu le prolongement de son mandat présidentiel pour deux ans. Un acte anticonstitutionnel pour l'opposition somalienne. (YASUYOSHI CHIBA / AFP)

Les dés sont jetés. Au risque d'enflammer le pays, le président Mohamed Abdullahi Mohamed, dit Farmajo, entend aller au bout de sa logique et se maintient au pouvoir. Il a "promulgué la résolution spéciale guidant les élections du pays, après son adoption à l'unanimité par le parlement", a annoncé le 14 avril Radio Mogadiscio. En clair, Farmajo obtient ainsi une rallonge de deux ans pour établir un nouveau processus électoral qui désignera le futur président de la République.

Légalement, son mandat a pris fin en février dernier. En septembre 2020, un accord avait été signé entre les différents acteurs politiques du pays afin d'élire un successeur à Farmajo. Mais le processus a débouché sur une impasse, chaque camp rejetant la responsabilité de l'échec sur l'autre.

Bras de fer

Le président Mohamed Abdullahi Mohamed a donc ignoré la demande de l'opposition de former "un conseil national de transition" qui aurait dirigé le pays et l'aurait mené à de nouvelles élections. Bien au contraire, Farmajo a fait voter cette résolution à l'Assemblée et l'a promulguée dans la foulée, sans qu'elle ne soit passée devant le Sénat. Une méthode aussitôt dénoncée par le président du Sénat qui a jugé ce vote anticonstitutionnel.

Pour Abdirahman Abdishakur, le chef du parti d'opposition Wadajir, le vote de l'Assemblée menace la stabilité du pays. Son président est "le partenaire criminel de Farmajo".

(Traduction : "Le train Farmajo a atteint le but recherché. Désormais, ceux qui avaient des doutes sur ses intentions, le connaissent mieux. Quiconque fournit un soutien financier, militaire ou diplomatique à l'action anticonstitutionnelle de Farmajo participe à un crime contre le peuple de Somalie.")

Inquiétude internationale

Le temps semble désormais suspendu à Mogadiscio, et la communauté internationale est inquiète. Selon le chef de la Diplomatie européenne, Josep Borrell, cette résolution "va diviser la Somalie, créer des retards supplémentaires et constituer une grave menace pour la paix et la stabilité de la Somalie et de ses voisins".

L'Union européenne rappelle qu'elle ne peut "en aucun cas accepter une prolongation du mandat gouvernemental, ou tout processus partiel ou parallèle lié aux élections, sans l'accord des parties à l'accord électoral du 17 septembre".

De son côté, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a jugé sur Twitter que la résolution "sape davantage la paix et la sécurité du pays" et appelé le "gouvernement fédéral et les Etats fédéraux de la Somalie à reprendre les pourparlers".

Risques de violence

Une inquiétude que partage également le site d'information somalien Arlaadi News. Pour lui, il ne fait pas de doute qu'en réaction l'opposition va créer un gouvernement parallèle. Une perspective particulièrement déstabilisante qui contient un risque très élevé de violence note Arlaadi News dans un tweet.

Pour l'heure, l'opposition n'a rien décidé, selon des observateurs en Somalie. Le Somali National Salvation Forum qui regroupe plusieurs partis d'opposition s'est réuni dans l'urgence le 13 avril. Mais toutes "les options sont sur la table", assure une source proche des acteurs politiques. Cependant, son extrême division risque de rendre difficile une action commune. Elle n'a notamment jamais réussi à se trouver un véritable leader pour s'opposer au président Farmajo.

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