Cet article date de plus de six ans.

Togo: une marche des femmes pour demander le départ de Faure Gnassingbé

Des milliers de femmes pour la plupart vêtues de noir, la couleur du deuil, se sont rassemblées le 20 janvier 2018 dans les rues de la capitale togolaise Lomé pour réclamer le départ du président Faure Gnassingbé. Depuis septembre 2017, des marches quasi hebdomadaires ont lieu à l'appel d'une coalition réunissant 14 partis d'opposition. Cette crise inquiète plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min

Le dialogue avec l'opposition annoncé début novembre 2017 par la présidence togolaise peine à s'instaurer. La médiation des présidents ghanéen Nana Akufo-Addo et guinéen Alpha Condé visant à établir un dialogue entre ces deux parties n'a pas porté ses fruits, malgré l'accueil à Conakry et à Accra, les 15 et 16 janvier, d'une délégation de l'opposition togolaise. Celle-ci exige des «mesures d'apaisement», notamment la libération de manifestants détenus et le retrait des forces de sécurité dans le nord du pays, avant le début de ce dialogue.

Le 20 janvier 2018, la vague de protestation dans le pays a pris un nouveau tour dans la lutte contre l'accaparement du pouvoir par une seule famille depuis plus de 50 ans. Des milliers de Togolaises ont ainsi battu le pavé pendant plusieurs heures, afin, comme l'a déclaré l'une d'elles, de «prendre en main leur destin» dans un pays où, ajoute-t-elle, «il n'y a pas de travail et où l'activité économique est au ralenti». «Si les gens veulent discuter, que les discussions soient cette fois-ci sincères et que tous les sujets soient abordés pour une alternance au Togo», a encore plaidé cette manifestante.


Le chef de file historique de l'opposition togolaise, Jean-Pierre Fabre, a salué une «belle initiative», expliquant que «face au refus du pouvoir d'avancer, les femmes ont décidé de rentrer dans le jeu».  M. Fabre, le dirigeant de l’Alliance nationale pour le changement (ANC), le 2e parti du pays, et Tikpi Atchadam, leader du Parti national panafricain (PNP) créé en 2014, incarnent à eux deux les deux pôles de l'opposition qui parlent aujourd’hui d’une seule voix. 

L'opposition togolaise maintient depuis plusieurs mois la pression sur le gouvernement et exige un retour à l'ancienne Constitution votée en 1992, laquelle a été modifiée en 2002 par le général Gnassingbé Eyadéma qui a dirigé sans partage le pays pendant 38 ans. Son fils, Faure Gnassingbé, lui avait succédé en 2005 et avait été réélu en 2010 puis en 2015 au terme de scrutins contestés. Elle réclame notamment une limitation du nombre de mandats présidentiels et un scrutin à deux tours.



Si à Lomé la marche des femmes s’est déroulée sans incident, le Regroupement des Jeunes Africains pour la Démocratie et le Développement (Rejadd-Togo) a signalé une dizaine de blessés à Kara, la marche des femmes ayant été dispersée dès le départ par des individus armés de bâtons et de matraques.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.