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Zimbabwe : la colère après une nouvelle affaire de corruption liée à la crise du Covid-19

Le ministre de la Santé est mis en cause dans la signature d’un contrat suspect d'une valeur de 20 millions de dollars.

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Un homme compte une liasse de nouveaux billets zimbabwéens à Harare, le 20 mai 2020. (JEKESAI NJIKIZANA / AFP)

Le ministre de la Santé du Zimbabwe Obadiah Moyo a été inculpé de corruption pour l'octroi irrégulier d'un contrat de plus de 20 millions de dollars à une société étrangère pour la fourniture de tests de dépistage et de protections contre le coronavirus. Obadiah Moyo, 66 ans, devrait se présenter fin juillet devant un tribunal pour abus de pouvoir.

Il a été arrêté après une enquête menée par la commission anti-corruption qui n'a pourtant pas l'habitude des grandes révélations. Une affaire de trop dans ce pays appauvri et rongé par la corruption depuis de nombreuses années. Le ministre de la Santé, qui gérait la crise du coronavirus, est accusé de malversations. Il aurait payé 15 000 tests de dépistage du Covid-19, alors que le pays n’a reçu que 3 700 kits.

Un contrat de 20 millions de dollars

Tout semble confus dans la commande passée par le gouvernement en pleine crise sanitaire. Il y a d'abord le choix de l’entreprise : Drax Consult SAGL, une société médicale créée il y a seulement deux mois, enregistrée en Hongrie et basée à Dubaï. C'est elle, et elle seule, qui a décroché le contrat à 20 millions de dollars pour fournir notamment des tests Covid et des équipements de protection au Zimbabwe. Il n'y a eu aucun appel d'offres et le contrat aurait été signé sans l'aval de l'autorité zimbabwéenne chargée de la passation des marchés.

Au lieu de payer du personnel médical, ils sont occupés à se remplir les poches

Fadzayi Mahere, porte-parole du MDC (principal parti d’opposition)

Conférence de presse à Harare, le 18 juin 2020

La colère gronde

Cette affaire intervient quelques semaines à peine après une grève inédite dans le secteur médical. Les médecins s’étaient arrêtés de travailler pendant quatre mois en raison d’une inflation galopante. Malgré toutes ses promesses, le président Emmerson Mnangagwa, qui a succédé fin 2017 à Robert Mugabe, n'a pas encore réussi à relancer l'économie du pays qui manque de tout.

Cette nouvelle affaire vient raviver la colère des Zimbabwéens et l'opposition accuse le gouvernement de corruption.

Nous demandons que les pilleurs remboursent l'argent, car la corruption nous tue

Fadzayi Mahere, porte-parole du MDC (principal parti d’opposition)

En attendant le procès, le gouvernement zimbabwéen a ordonné l'annulation de tous les contrats avec l’entreprise incriminée. La société Drax dément les allégations portées à son encontre et affirme que le matériel commandé a été livré sans qu'"aucun paiement" n'ait été effectué par le Zimbabwe. C'est pourtant un versement suspect de deux millions de dollars sur le compte de Drax qui avait alerté les autorités hongroises, où est enregistrée l'entreprise.

Le Zimbabwe a jusque là déclaré officiellement près de 500 cas de contamination par le nouveau coronavirus, dont quatre décès.

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