Pour Macron, l'avenir de la France et de l'Europe se joue aussi en Afrique
Emmanuel Macron, issu de la promotion Senghor de l’ENA, a découvert l’Afrique durant son stage de fin d’études au Nigeria, pays le plus peuplé et puissance économique émergente du continent.
Le jeune président français (39 ans) veut écrire une nouvelle page des relations franco-africaines. Loin du paternalisme et clientélisme du passé, il entend tourner la page de la fausse pudeur postcoloniale et dépasser les complexités d’une relation passionnelle.
Emmanuel Macron est sans doute l'un des rares chefs d'Etat de la Cinquième République à avoir gagné une élection présidentielle sans le soutien des réseaux habituels de la Françafrique, qui ont choisi François Fillon (comme le prouve cette histoire de costumes offerts par Robert Bourgi).
«E. Macron est un homme trop jeune pour avoir tissé des relations avec les milieux affairistes africains», affirme l'un de ses conseillers Afrique, Renaud Dutreil.
Partenariat pour l’avenir
Le président élu veut un grand partenariat entre l'Europe, l'Afrique et la Méditerranée, inspiré du rapport «Un Partenariat pour l’avenir» rédigé par Hubert Védrine, Lionel Zinsou, Tidjane Thiam, Jean-Michel Severino et Hakim el Karoui. Il s’agit de «créer une relation d’intérêts partagés entre de véritables partenaires en activant dans les deux sens tous les flux économiques, humains et culturels qui unissent les deux cotés de la Méditerranée».
Il entend s'appuyer pour cela sur tous les acteurs : entreprises, collectivités locales, sociétés civiles, étudiants, sans oublier les diasporas africaines. «Nous ne profitons pas assez de ce potentiel humain, linguistique, social, économique et politique. Il faut faciliter les échanges à tous les niveaux», affirme Renaud Dutreil.
Lionel #Zinsou l’élection de #Macron est une très bonne nouvelle pour la #France, l’UE et l’ #Afrique https://t.co/n96AfJRg32 via @lntribune
— La Nouvelle Tribune (@LNTribune) May 7, 2017
Les priorités sont : la sécurité et la lutte contre le terrorisme, la lutte contre le changement climatique, l'éducation et la formation, les droits des femmes, les infrastructures (eau et énergie) avec le secteur privé pour fer de lance.
Migrations maitrisées
Le futur chef de l'Etat veut une politique d’immigration maîtrisée. La France restera un pays ouvert, notamment aux étudiants africains et aux chefs d’entreprise. En revanche, les immigrés illégaux, clandestins, doivent retourner chez eux. Pour cela, il s’est dit favorable à des accords de réintégration négociés avec les Etats africains.
Cela passe également par une plus forte coopération universitaire et scientifique et le renforcement des liens entre les universités françaises et africaines. Il est souhaitable que les étudiants africains puissent se former dans leur pays, même si les études en France resteront accessibles, en particulier aux niveaux master et doctorat.
Lutte contre le terrorisme
Pour Emmanuel Macton, il faut combattre ensemble le terrorisme qui touche l'Afrique comme l'Europe, mais la réponse militaire ne suffit pas. Ce combat va de l'éducation à l'action des services de renseignements, en passant par la coopération de défense. «Nous devons également consolider le "pilier" développement, en particulier dans les campagnes africaines et dans les zones périurbaines, pour limiter les effets de la désertification rurale et créer des opportunités d'emploi pour la jeunesse contre la menace de la radicalisation».
Pour sa politique africaine, Emmanuel Macron veut créer un conseil présidentiel pour l'Afrique qui devrait réunir des personnalités africaines et françaises pour inspirer la nouvelle politique.
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