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RDC : les massacres se suivent et se ressemblent dans la région martyre de Beni

Depuis octobre 2014, les massacres ne connaissent pas de répit sur le territoire de Beni, dans la province du Nord-Kivu. Les tueries ont déjà fait plusieurs centaines de morts. Tous des civils, assassinés dans l’indifférence totale. Les autorités accusent un groupe islamiste ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF). Les internautes congolais se mobilisent pour appeler au secours.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Enterrement de civils congolais, tués et décapités à la machette par des rebelles islamistes ougandais (ADF) près de Beni, dans la province du Nord-Kivu, le 16 avril 2015. Les massacres qui se poursuivent dans cette région ont fait un millier de morts en une année, selon la société civile. (Photo AFP/Kudra Maliro)

Les attaques perpétrées contre les populations de Beni sont d’une rare violence. Début mai 2016, près de cinquante personnes y ont encore été tuées dans de nouvelles attaques.
 
«Des assaillants surgissent dans des villages. Ils réunissent tous les habitants qu’ils trouvent avant de les tuer à la machette. Enfants, femmes enceintes, vieillards… personne n’est épargné. Les corps sont démantelés comme des pièces de boucher», témoigne le journal La Croix qui rappelle que cette région est très convoitée pour ses richesses minières.
 
Le pouvoir de Kinshasa accusé d’inaction
La société civile congolaise a interpellé le président Joseph Kabila à qui elle a adressé une lettre ouverte. Elle lui demande «d’assumer son pouvoir régalien comme commandant suprême des forces armées de la République». 
 
La nouvelle opération militaire annoncée par Kinshasa contre les ADF avec le soutien de la mission des Nations Unies au Congo (la MONUSCO) n’a pas du tout rassuré les populations de Beni. Loin de là. D’autant plus que certains rapports d’ONG mettent en cause des soldats de l’armée régulière dans les tueries qui endeuillent la région.
 
«Vous perdez votre temps en écrivant à un président qui ne sait quoi faire de vos préoccupations. Ce qui l’intéresse, c’est comment violer la Constitution pour se maintenir au pouvoir», s’insurge Kabongo, un internaute congolais en colère.
 
 

«Stop au massacre»
Sur les réseaux sociaux, les Congolais se mobilisent pour dénoncer les massacres des civils à Beni. Deux internautes ont lancé une pétition en ligne afin de réunir le plus grand nombre de signatures et saisir le Procureur de la Cour pénale internationale et le Haut Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme.
 
Les hashtag #JesuisBeni et #JusticeforBeni ont été créés pour dénoncer les «massacres en silence de la population de Beni». Avec des photos de corps mutilés des civils.
 
 

L’ONU s’inquiète du regain des «tueries»
La population de Beni est particulièrement remontée contre les casques bleus de l’ONU qui assistent «sans rien faire», selon elle, à ces tueries sauvages. Le porte-parole de la mission onusienne s’en défend. Les casques bleus, assure-t-il, sont engagés aux côtés de l’armée congolaise, dans une nouvelle opération militaire lancée le 14 mai 2016 contre les rebelles ougandais.
 
Le gouverneur de la province du Nord-Kivu a interdit toute manifestation sur son territoire : «Le Nord-Kivu est en deuil et dans la tradition, on ne pleure pas les gens dans la rue, on ne pleure pas les gens en manifestant», a-t-il déclaré au cours d’une conférence de presse.
 
Une coalition d’opposants au président Kabila a appelé la population à participer massivement  à une manifestation prévue jeudi 26 mai 2016 pour dénoncer la volonté du chef de l’Etat de se maintenir au pouvoir au-delà de ses deux mandats constitutionnels.

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